D'après Pierre Gattaz la loi Travail ne créera aucun emploi

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PARIS (Reuters) - La loi Travail ne créera aucun emploi et ajoutera de la complexité pour les entreprises, a déploré jeudi le président du Medef, Pierre Gattaz, après une rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls.

Il a d'autre part répété que les entreprises ne pourraient pas appliquer les nouvelles règles sur la pénibilité.

Le projet de loi Travail, dont l'examen en deuxième lecture commencera le 5 juillet à l'Assemblée nationale, "c'est une loi qui ne servira strictement à rien sur l'emploi, j'en suis désolé, je l'ai dit au Premier ministre comme ça", a dit Pierre Gattaz.

"Cette loi ne servira pas à créer d'emplois, elle apportera beaucoup de contraintes (...) je suis très déçu, très pessimiste", a-t-il ajouté. "Tout cela n'est pas normal, tout cela c'est de la complexité supplémentaire, plus personne n'y comprend rien sur le terrain."

Avec toutes les modifications apportées au fil d'un débat parlementaire tendu par l'opposition des frondeurs socialistes et de plusieurs syndicats, "ça va rajouter 300 à 400 pages au Code du travail quand même ! On voulait simplifier !", a déploré Pierre Gattaz.

"Le problème de la France, c'est qu'il faut continuer de baisser ce coût du travail, cette fiscalité qui nous asphyxie et il faut simplifier la vie de nos TPE-PME, de nos ETI, de nos entreprises en général, tout le monde le dit."

Les sept organisations en pointe dans la contestation contre la loi Travail ont lancé jeudi un nouvel appel à la poursuite de la mobilisation mais laissent percer une forme de lassitude après quatre mois de bras de fer avec le gouvernement.

Pour la première fois depuis quatre mois la CGT, FO, la FSU, Solidaires, le syndicat étudiant Unef et les organisations lycéennes UNL et FIDL n'appellent pas à une journée de grèves et de manifestations.

QU'A RÉPONDU VALLS ? "RIEN", SELON GATTAZ

Quant à la pénibilité, "c'est une loi qu'on ne sait pas appliquer. Ce n'est pas qu'on ne veut pas, c'est qu'on ne sait pas faire", a dit Pierre Gattaz, ajoutant qu'il l'avait répété à Manuel Valls. "On ne sait pas l'appliquer sur le terrain, c'est impossible, c'est trop compliqué."

Prié de dire ce que le Premier ministre lui avait répondu, il a répondu : "Rien, il m'a écouté gentiment et puis voilà."

Manuel Valls avait déclaré mercredi qu'"on ne peut pas s'affranchir des règles et de la loi". "J'aurai l'occasion de le dire demain à Pierre Gattaz : chacun doit agir en grande responsabilité, chaque mot, chaque attitude compte aujourd'hui."

Le Sénat a voté mardi un projet de loi Travail réécrit dans un sens beaucoup plus libéral que celui sur lequel le gouvernement a dû engager sa responsabilité à l'Assemblée.

Le gouvernement entend rétablir cette version lors de la deuxième lecture mais Manuel Valls et la ministre du Travail, Myriam El Khomri, ont dit vouloir tenir compte de certaines craintes en proposant trois amendements, conjointement avec le rapporteur du texte, le député PS Christophe Sirugue.

Le premier, inspiré par une proposition de la CFDT, laisse aux partenaires sociaux le soin d'engager d'ici le 31 décembre 2017 des négociations pour définir dans les branches les thèmes pour lesquels un accord d'entreprise ne pourra pas déroger à un accord de branche, dans tous les cas où la primauté de l'accord d'entreprise n'est pas spécifiée par la loi.

Un autre ajoute deux domaines où l'accord d'entreprise ne pourra pas faire moins bien que l'accord de branche, l'égalité hommes-femmes et la pénibilité. Le troisième associe les partenaires sociaux à la suite de la réécriture du Code du travail par le biais du Haut conseil du dialogue social.

(Jean-Baptiste Vey, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)