Vingt civils tués par des islamistes dans un restaurant de Dacca

reuters.com  |   |  606  mots
Vingt civils tues par des islamistes dans un restaurant au bangladesh[reuters.com]
(Crédits : Reuters Tv)

par Serajul Quadir

DACCA (Reuters) - Vingt personnes, toutes de nationalité étrangère, ont été tuées dans l'attaque d'un restaurant par un commando islamiste vendredi soir à Dacca, la capitale du Bangladesh, annonce l'armée samedi.

Les forces de sécurité ont mis fin à l'attaque samedi matin, libérant treize otages dont deux Sri-Lankais et un Japonais.

Six assaillants ont été abattus, un septième a été capturé après douze heures de siège, ont rapporté les autorités qui ont également fait état de la mort de deux policiers.

L'armée n'a pas été en mesure de préciser immédiatement la nationalité des ressortissants ayant péri. La plupart ont été tués à l'arme blanche au début de l'attaque, a-t-elle dit.

De source proche du ministère italien des Affaires étrangères, on indique qu'un nombre encore indéterminé d'Italiens ont trouvé la mort.

Selon les médias transalpins, sept Italiens, dont plusieurs travaillant pour l'industrie textile, se trouvaient dans le restaurant quand le commando a fait irruption.

A Tokyo, le gouvernement japonais a déclaré qu'un de ses ressortissants avait été blessé par balle avant d'être récupéré par la police.

Sept autres Japonais dînaient au restaurant quand l'attaque s'est produite, mais les autorités nippones n'ont pas pu les joindre, a déclaré le secrétaire général adjoint du cabinet Koichi Hagiuda.

Plus de cent policiers des forces spéciales ont donné l'assaut aux alentours de 8h00 heure locale (02h00 GMT) dans ce restaurant du quartier diplomatique de Dacca. Les assaillants ont riposté lors d'une "intense fusillade", a dit la police.

Le lieutenant-colonel Masood, du bataillon d'action rapide, a déclaré à la chaîne indienne Times Now qu'il pensait qu'entre six et dix hommes armés avaient participé à l'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).

"Nous en avons abattu six. Nous fouillons le secteur", a-t-il déclaré.

VAGUE DE VIOLENCES

L'Etat islamique (EI) a affirmé que 24 personnes avaient été tuées. La police a pour sa part confirmé la mort de deux policiers au début de la prise d'otages et fait état d'une vingtaine de blessés.

L'attaque a débuté quand plusieurs hommes armés se sont retranchés dans le restaurant du Holey Artisan, situé dans le quartier chic de Gulshan, vendredi aux alentours de 21h00 heure locale.

Cette prise d'otages marque une nouvelle étape dans la vague de violences islamistes qui secoue le Bangladesh depuis dix-huit mois et a coûté la vie à des défenseurs des libertés ou des membres de minorités religieuses non musulmanes.

Vendredi, un prêtre hindou a été tué à coups de machette dans un temple du district de Jhinaidah, à 300 km environ au sud-ouest de Dacca.

L'Etat islamique ou Al Qaïda ont beau avoir revendiqué la plupart de ces assassinats, les autorités bangladaises estiment qu'il n'existe aucun lien opérationnel entre les islamistes du Bangladesh et les réseaux djihadistes internationaux.

Pour les responsables de la sécurité du pays, deux groupes locaux, Ansar al Islam et Jamaat-ul-Mujahideen, sont responsables des violences récentes. Ansar a prêté allégeance à Al Qaïda tandis que Jamaat-ul-Mujahideen affirme représenter l'Etat islamique.

"En résumé, le Bangladesh compte de nombreux extrémistes, souvent sans affiliation, qui sont ravis de commettre des attaques au nom de l'Etat islamique", déclare Michael Kugelman, spécialiste de l'Asie du Sud au Wilson Centre à Washington.

L'Etat islamique a revendiqué davantage d'attaques au Bangladesh qu'au Pakistan ou en Afghanistan, relève-t-il.

(Krishna N. Das, Tommy Wilkes; Julie Carriat et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)