Bruxelles exclut toute discussion informelle avec Londres

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Pas de discussion entre londres et bruxelles avant l’article 50[reuters.com]
(Crédits : Stringer)

par Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) - Le Royaume-Uni ne doit pas compter sur des discussions informelles au sein de l'Union européenne avant d'avoir notifié au bloc sa décision de quitter l'UE, a averti vendredi la vice-présidente de la Commission européenne Kristalina Georgieva.

Interrogée par Reuters, elle a ajouté que Londres ne devait pas s'attendre à être punie, ni récompensée pour le Brexit, tablant sur un accord "équitable".

Le gouvernement britannique dirigé par Theresa May a prévenu qu'il ne souhaitait pas invoquer cette année l'article 50 du traité de Lisbonne, qui déclenche la procédure de sortie de l'Union, ce qui laisserait six mois ou plus pendant lesquels Londres pourrait tenter de sonder ses options avec Bruxelles.

"Ce n'est pas possible parce que pour négocier même de manière informelle sur la manière d'avancer, il faut de la clarté sur la voie que choisira le Royaume-Uni", a estimé Kristalina Georgieva, qui compte parmi les sept vice-présidents de la Commission.

"Je ne vois pas comment nous pourrions nous asseoir autour d'une table et débattre d'hypothèses sur un sujet d'une telle importance", a-t-elle ajouté, estimant que des négociations préalables pourraient influencer négativement les choix de Londres.

Kristalina Georgieva, qui est bulgare, est chargée du budget de l'Union européenne. La contribution nette des Britanniques au budget de l'UE est d'environ 5 milliards d'euros, hors droits de douane mais en incluant les fonds reçus de l'Europe par les régions les plus pauvres du pays ou les universités et centres de recherche. Le montant n'est pas négligeable, ajoute-t-elle, mais reste gérable.

Selon la vice-présidente de la Commission, le soutien en faveur de l'UE a grimpé depuis le référendum britannique du 23 juin dernier en faveur du Brexit.

"Le soutien en faveur de l'Union européenne a grimpé de 10 à 12 points de pourcentage. Pourquoi? Parce que les gens regardent désormais leur avenir et disent vouloir rester ensemble", dit-elle, tout en ajoutant que cette embellie ne devrait pas durer éternellement.

Les deux prochains mois, estime Kristalina Georgieva, seront l'occasion d'"appuyer sur la pédale" des réformes.

L'un des messages délivrés par le référendum britannique est qu'une partie non négligeable de la population s'estime victime des changements économiques.

La vice-présidente de la Commission, qui a travaillé pendant plus de dix ans pour la Banque mondiale, suggère ainsi de développer la reconversion des chômeurs.

Elle estime aussi que l'UE devrait admettre que tous les ressortissants du bloc ne souhaitent pas "davantage d'Europe" et donner parfois aux nations plus de marge de manoeuvre.

"Quand il y a un problème, c'est de la faute de Bruxelles. Quand c'est un succès, c'est grâce à la capitale nationale. Cette stigmatisation doit cesser car qui est l'Union européenne? C'est nous tous", conclut-elle.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)