La chef de la vidéo de Nice évoque des pressions de l'Intérieur

reuters.com  |   |  353  mots

PARIS (Reuters) - La policière responsable de la vidéosurveillance à Nice (Alpes-Maritimes) affirme dans un entretien au Journal du Dimanche avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur lors de la rédaction d'un rapport sur la soirée meurtrière du 14-juillet.

Selon Sandra Bertin, en poste le soir de l'attaque qui a fait 84 morts sur la promenade des Anglais, un représentant de la place Beauvau lui a donné pour instruction de mentionner la présence de policiers nationaux sur les lieux de l'attaque.

"J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", déclare-t-elle au JDD.

"Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par email une version modifiable du rapport", ajoute la chef du Centre de supervision urbain (CSU) de la municipalité.

"J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vu à l'écran", précise encore Sandra Bertin, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice.

La policière dit avoir finalement envoyé deux versions du rapport, l'une modifiable et l'autre non.

La question des moyens mis en oeuvre par l'Etat pour assurer la sécurité du public lors du feu d'artifice du 14-juillet fait l'objet d'une polémique, certains à droite et au Front national jugeant que la tuerie aurait pu être évitée.

François Hollande a promis vendredi une transparence totale dans l'analyse du dispositif de sécurité déployé ce soir-là.

Sous le feu des critiques, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont les conclusions doivent être dévoilées la semaine prochaine.

(Simon Carraud)