Theresa May veut maintenir ouverte la frontière avec l'Irlande

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Londres veut maintenir ouverte la frontiere avec l'irlande[reuters.com]
(Crédits : Stefanie Loos)

par Amanda Ferguson

BELFAST (Reuters) - La Première ministre britannique, Theresa May, en visite en Irlande du Nord lundi pour évoquer les implications du résultat du référendum du 23 juin et la signification d'un Brexit pour l'Ulster, ne veut pas rétablir les contrôles à la frontière avec la République d'Irlande, a dit sa porte-parole.

"La Première ministre et le secrétaire à l'Irlande du Nord ont clairement dit que nous ne voulions pas d'un retour aux contrôles frontaliers du passé, ce qui signifie que nous allons avoir des discussions approfondies pour arriver à une solution", a ajouté la porte-parole.

Elle a précisé que Theresa May rencontrerait mardi à Londres le Premier ministre d'Irlande, Enda Kenny.

"J'ai dit clairement que nous réussirons le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne", avait dit la nouvelle Première ministre britannique avant sa visite. "Cela signifie qu'il doit marcher aussi pour l'Irlande du Nord, y compris pour ce qui est de la frontière avec la République (d'Irlande)".

Theresa May a précisé que les modalités des nouveaux accords frontaliers entre les deux parties de l'île d'Irlande dépendraient du résultat des discussions entre Londres et Bruxelles sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne.

Elle a noté qu'il existait une zone de circulation commune avec la République d'Irlande depuis les années 1920.

Si le Royaume-Uni dans son ensemble s'est prononcé à 52% pour un retrait de l'UE, l'Irlande du Nord, elle, a voté à 56% en faveur du "maintien".

INQUIÉTUDES POUR LA PAIX

A Belfast, où elle effectue sa première visite en tant que chef du gouvernement, Theresa May sera reçue par la chef de l'exécutif, Arlene Foster, qui était en faveur d'un Brexit, et par Martin McGuinness, vice-Premier ministre d'Irlande du Nord, qui s'était prononcé pour un maintien dans l'UE.

Après le vote du 23 juin, ce dernier, membre du Sinn Fein, l'ex-branche politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), avait proposé d'organiser un référendum sur l'indépendance de l'Irlande du Nord afin de rester dans l'UE.

"Je vais dire clairement que la population d'Irlande du Nord a pris une décision démocratique lors du référendum pour envisager notre futur dans l'Europe et cela doit être respecté", a déclaré lundi Martin McGuinness à la chaîne publique RTE.

Il s'est également demandé si le Royaume-Uni allait reprendre à son compte les milliards d'euros de subventions agricoles versés par l'Union européenne ainsi que les centaines de millions alloués par Bruxelles au processus de paix en cours en Irlande du Nord.

Les dirigeants au nord et au sud de la frontière irlandaise veulent s'assurer que les personnes et les marchandises continueront à circuler librement après le Brexit.

Une coalition d'hommes politiques et de militants des droits de l'homme d'Irlande du Nord a menacé lundi d'engager un recours en justice contre toute décision du gouvernement britannique de quitter l'Union européenne, si le processus de paix consacré par l'accord' du Vendredi saint en 1998 n'est pas préservé.

Certaines personnalités politiques d'Irlande du Nord ont averti qu'un Brexit pourrait nuire à cet accord, en rétablissant une véritable frontière avec la République d'Irlande et en érodant l'assise juridique sur laquelle ils reposent, avec notamment des références à l'UE.

L'accord de paix du Vendredi saint 1998 a mis fin à une trentaine d'années d'affrontements entre nationalistes catholiques et unionistes protestants, qui ont fait plus de 3.600 morts, et a permis la mise en place d'un exécutif biconfessionnel à Belfast.

(Laura Martin et Eric Faye pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)