Pour les Turcs, Gülen est à l'origine du putsch avorté

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Gulen juge responsable du putsch en turquie, selon un sondage[reuters.com]
(Crédits : © Alkis Konstantinidis / Reuter)

ISTANBUL (Reuters) - Près des deux tiers des Turcs pensent que le prédicateur en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen est à l'origine de la tentative du putsch militaire du 15 juillet, reprenant ainsi largement à leur compte la ligne gouvernementale, selon une enquête menée par l'institut d'opinion Andy-Ar publiée mardi.

Aux yeux du président Recep Tayyip Erdogan, le prédicateur, qui compte encore de nombreux partisans en Turquie, a fomenté le complot avorté, qui s'est traduit par une vague de purges dans l'armée, dans la police, dans le système judiciaire, dans l'éducation et dans certaines entreprises.

De manière plus générale, cela fait des années que le président turc accuse son ancien allié de vouloir mettre en place en Turquie un "Etat parallèle" appuyé sur un réseau de partisans dans la justice, la police et les médias, et de chercher à le renverser.

La Turquie exige des Etats-Unis que Fethullah Gülen soit extradé, menaçant Washington d'une détérioration des relations entre les deux pays en cas de refus. Le gouvernement américain a répondu à Ankara qu'il fallait fournir la preuve de l'implication du prédicateur, qui vit depuis 1999 aux Etats-Unis. Fethullah Gülen, qui a condamné la tentative de coup d'Etat, a estimé qu'elle avait peut-être été montée de toutes pièces pour servir les intérêts du pouvoir.

Selon les résultats de l'enquête menée par Andy-Ar, 64,4% des 1.496 personnes interrogées par téléphone le 19 juillet pensent que le prédicateur est à l'origine du putsch avorté.

Ils sont 3,8% à accuser les Etats-Unis, 3,6% des puissances étrangères et 2,2% le président turc.

Priés de dire si veulent l'extradition de Fethullah Gülen vers la Turquie, les personnes interrogées sont 81,5% à répondre "oui", tandis que 77,7% considèrent le prédicateur et ses partisans comme une menace pour le présent et l'avenir du pays.

Les résultats de cette enquête ne manqueront pas de conforter Recep Tayyip Erdogan, accusé par certains de profiter de la tentative ratée de coup d'Etat pour accentuer son emprise sur le pays.

(Darren Butler, Benoit Van Overstraeten pour le service français)