La convention démocrate s'emploie à adoucir l'image de Clinton

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Comment adoucir l'image de hillary clinton[reuters.com]
(Crédits : Lucas Jackson)

par John Whitesides et Amanda Becker

PHILADELPHIE, Pennsylvanie (Reuters) - Lors de la bataille des primaires de 2008, Barack Obama avait eu cette expression cruelle envers sa rivale lors d'un débat dans le New Hampshire : "Vous êtes assez sympathique, Hillary".

Huit ans plus tard, alors qu'Hillary Clinton est désormais investie comme candidate du Parti démocrate à l'élection présidentielle du 8 novembre, la question de son amabilité, de son honnêteté ou de sa fiabilité continue de peser sur son ambition de devenir la première femme présidente des Etats-Unis.

La convention nationale démocrate qui se déroule cette semaine à Philadelphie a notamment pour but d'adoucir l'image de l'ex-secrétaire d'Etat auprès des électeurs américains, dont plus de la moitié la jugent défavorablement, selon les enquêtes Reuters/Ipsos.

Les mêmes défauts lui sont prêtés depuis des années : Hillary Clinton peut sembler rigide en public, elle peine à montrer de la compassion, qu'elle éprouve pourtant en privé selon ses proches, et laisse à certains l'impression de ne pas répondre franchement aux questions difficiles.

Hillary Clinton reconnaît le problème, dit-on dans son entourage.

"Elle sait qu'elle a du travail à faire pour gagner la confiance des électeurs", dit Jennifer Palmieri, sa directrice de communication. "Elle sait aussi qu'il n'y a pas de formule magique pour gagner leur confiance du jour au lendemain."

Depuis l'ouverture de la convention de Philadelphie lundi, les orateurs se succèdent à la tribune pour dépeindre une candidate proche des gens, jusqu'à son mari Bill qui a parsemé mardi son discours d'anecdotes et de moments intimes du couple politique le plus célèbre d'Amérique.

"NI HONNÊTE NI DIGNE DE CONFIANCE"

Le basketteur gay Jason Collins a rappelé le soutien que Hillary Clinton lui avait apporté lorsqu'il a dévoilé son homosexualité; une grand-mère a déclaré que la bataille de sa fille contre la toxicomanie avait incité Clinton à s'engager dans la lutte contre la drogue.

D'autres se sont souvenus de l'ex-sénatrice et secrétaire d'Etat conduisant dans le blizzard pour se rendre à des obsèques, rendant visite à des rescapés des attentats du 11-Septembre ou réconfortant une fillette de onze ans craignant que ses parents ne soient expulsés.

L'image personnelle de Hillary Clinton a pâti ces derniers mois de la rude course à l'investiture qui l'a opposée à Bernie Sanders, de l'affaire de son serveur personnel de messagerie utilisé lorsqu'elle dirigeait le département d'Etat, et des attaques répétées des républicains contre "Hillary la malhonnête".

"Si quelqu'un ne cesse de vous taper dessus à longueur de journée, cela finit par laisser des traces", déclare le patron de la centrale syndicale AFL-CIO Richard Trumka. "Hillary Clinton doit faire du A+ pour obtenir un C-."

D'après Reuters/Ipsos, 55% des Américains jugent défavorablement Hillary Clinton. Son rival républicain Donald Trump est encore moins populaire, le pourcentage montant à 61%.

Cinquante-neuf pour cent des Américains estiment que Hillary Clinton n'est "ni honnête ni digne de confiance", et 53% pensent la même chose du magnat immobilier.

Pour le stratège républicain John Feehery, il est trop tard pour réhabiliter l'image de Hillary Clinton, estimant qu'il vaut mieux pour la candidate démocrate attaquer Donald Trump, étant donné que ses aspects négatifs sont plus nombreux que les siens.

L'équipe de campagne de l'ex-secrétaire d'Etat s'y est déjà attelée. Dans l'un de ses derniers spots, on voit le milliardaire jurant devant des enfants, qualifiant les immigrants mexicains de violeurs et de revendeurs de drogue, et se moquant d'un journaliste handicapé.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)