Plus de 15.000 interpellations en Turquie depuis le putsch

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En turquie, plus de 15.000 interpellations en dix jours[reuters.com]
(Crédits : Osman Orsal)

ISTANBUL (Reuters) - Les autorités turques ont interpellé plus de 15.000 personnes, dont plus de 10.000 militaires, depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, a rapporté mercredi le ministre de l'Intérieur Efkan Ala, selon la chaîne CNN Turk.

Le ministre a précisé que 8.113 d'entre elles avaient été placées en détention dans l'attente d'un procès.

L'état-major des forces armées a annoncé de son côté que 8.651 soldats turcs, soit 1,5% environ des effectifs de l'armée, avaient été impliqués dans la tentative de coup d'Etat contre le président Recep Tayyip Erdogan.

Dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision turque NTV, l'armée a ajouté que ces soldats appartenaient au réseau dirigé par le prédicateur en exil Fethullah Gülen, que le pouvoir turc présente comme l'instigateur du putsch avorté.

Les putschistes disposaient pour leur entreprise de 35 avions, dont 24 avions de combat, de 37 hélicoptères, de 37 chars, de 246 véhicules blindés et de trois bâtiments de la marine, a précisé l'armée.

Les autorités turques ont parallèlement poursuivi mercredi leur traque des "gülenistes" en lançant des mandats d'arrêt à l'encontre de 47 journalistes.

"Les interpellations concernent des cadres et certains employés, notamment des chroniqueurs du (défunt) journal Zaman, l'organe de presse vedette du mouvement de Gülen", a déclaré un responsable turc.

"Les procureurs ne s'intéressent pas à ce que ces chroniqueurs ont dit ou écrit. Mais (...) les employés les plus importants de Zaman ont probablement une connaissance intime du réseau de Gülen, ce qui pourrait profiter à l'enquête", a-t-il expliqué.

Sur la liste figurent néanmoins aussi des journalistes connus pour leur militantisme de gauche mais qui ne partagent pas la vision religieuse du mouvement güleniste.

La tentative de coup d'Etat par une faction de l'armée, dans la soirée du 15 juillet et la nuit qui a suivi, a fait au moins 246 morts et plus de 2.000 blessés.

Dans la reprise en main qui a suivi, les autorités turques ont suspendu, interpellé ou placé en détention des milliers de militaires, policiers, magistrats, enseignants, fonctionnaires et autres.

Le parlement turc a mis sur pied mardi une commission, soutenue par l'ensemble des partis politiques, chargée d'enquêter sur le putsch manqué et de démêler comment, d'après les autorités, le mouvement de Gülen, qui vit exilé aux Etats-Unis, a infiltré les institutions et tenté ce coup de force.

(Humeyra Pamuk; Jean-Stéphane Brosse et Laura Martin pour le service français)