Trois gardes à vue dans l'enquête sur l'attaque de l'église

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Trois gardes a vue dans l'enquete sur l'attaque de l'eglise[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

PARIS (Reuters) - Trois personnes, dont un réfugié syrien, étaient entendues vendredi dans le cadre de l'enquête sur l'attaque djihadiste contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) où un prêtre a été tué, a-t-on appris de source judiciaire.

Outre le demandeur d'asile, interpellé près d'un centre d'accueil de réfugiés dans l'Allier selon une source proche de l'enquête, un membre de l'entourage d'Abdel-Malik Nabil Petitjean, l'un des deux assaillants tués par la police mardi lors de l'attentat, et un mineur de 16 ans arrêté le jour des faits à Saint-Etienne-du-Rouvray étaient toujours en garde à vue, a-t-on précisé de source judiciaire.

La garde à vue de deux autres personnes, également de l'entourage familial d'Abdel-Malik Nabil Petitjean, dans l'Allier, a été levée, a-t-on ajouté de même source.

Selon une source proche de l'enquête, la photocopie d'un passeport portant le même nom que le Syrien en garde à vue a été retrouvée au domicile normand d'Adel Kermiche, le deuxième auteur de l'attaque revendiquée par l'Etat islamique.

Selon des échanges sur la messagerie mobile Telegram, révélés par L'Express et confirmés de source proche de l'enquête, Adel Kermiche, né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), avait prémédité son geste.

Le 19 juillet, il déclarait dans un message audio à un destinataire non identifié : "Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, bim. Tu tranches deux ou trois têtes et c'est bon, c'est fini."

La veille de l'attaque, il écrit sur Telegram préparer de "gros trucs". "Je vous préviendrai à l'avance, trois quatre minutes avant et quand le truc arrivera, il faudra le partager direct."

VALLS RECONNAÎT UN "ÉCHEC" JUDICIAIRE

Adel Kermiche, dont le casier judiciaire était vierge, était connu de la justice antiterroriste française pour avoir tenté par deux fois de gagner la Syrie en 2015. Après dix mois en détention provisoire, il avait été placé en mars dernier sous contrôle judiciaire, avec assignation à résidence sous surveillance électronique, contre l'avis du parquet.

Au moment des faits, il était porteur d'un bracelet électronique qui l'autorisait à sortir en semaine de 08h30 à 12h30. L'attaque a eu lieu vers 09h25 mardi.

Dans un entretien publié vendredi dans Le Monde, le Premier ministre Manuel Valls concède "un échec" judiciaire à son sujet.

"Cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des djihadistes. Mais je ne serai pas celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme", dit-il.

Abdel-Malik Nabil Petitjean, né le 14 novembre 1996 à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), était pour sa part fiché "S" (pour "sûreté de l'Etat") pour radicalisation depuis le 29 juin.

Le jeune homme avait été interrogé par des "profileurs" à l'aéroport d'Istanbul, en Turquie, porte d'entrée traditionnelle vers la Syrie. Les autorités turques n'ont transmis son nom à la France que fin juin.

Des sources policières pensent qu'il s'agit de l'homme dont la photographie a été diffusée vendredi dernier à tous les services de police et de renseignement français comme étant prêt à participer à un attentat.

On ignore pour l'instant comment les deux assaillants se sont connus. Ils habitaient à près de 700 kilomètres l'un de l'autre, et Adel Kermiche avait interdiction de quitter la Seine-Maritime.

L'Amaq, l'agence de communication de l'EI, a mis en ligne mercredi une vidéo de deux hommes présentés comme les assaillants de Saint-Etienne-du-Rouvray et s'identifiant comme étant Abou Omar et Abou Djalil el-Hanafy. On les voit assis sur les marches d'un escalier prêter allégeance à Abou Bakr al Baghdadi, le chef de l'EI.

(Sophie Louet avec Service France, édité par Yann Le Guernigou)