Fuite massive chez DCNS, un constructeur français de sous-marin

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An employee looks at the propeller of a scorpene submarine at the industrial site of the naval defence company and shipbuilder dcns in la montagne[reuters.com]
(Crédits : © Stephane Mahe / Reuters)

SYDNEY (Reuters) - Le constructeur naval français DCNS, qui doit construire la prochaine génération de sous-marins australiens, a été victime d'une fuite massive de données concernant des sous-marins conçus pour l'Inde.

La fuite, qui a été révélée par le journal The Australian de mercredi, concerne plus de 22.000 pages qui expliquent les capacités secrètes de combat de six sous-marins que DCNS a conçu pour la marine indienne.

La fuite a eu lieu en France en 2011, précise le quotidien.

Les documents concernent le sous-marin Scorpène, un sous-marin à propulsion classique et ne contiennent aucune information sur le bâtiment en cours de conception pour la flotte australienne.

Les autorités militaires françaises vont ouvrir une enquête pour déterminer la nature exacte des documents qui ont fait l'objet d'une fuite, indique un communiqué de la DCNS.

L'Australie a annoncé fin avril démarrer des négociations exclusives avec DCNS pour la construction et la maintenance en Australie de 12 sous-marins, pour un montant total 50 milliards de dollars australiens (34 milliards d'euros).

L'importance des informations révélées créent un problème stratégique pour l'Inde, la Malaisie et le Chili, qui utilisent tous les trois ce même sous-marin, explique une source politique australienne qui connaît bien le secteur de l'armement.

Les extraits publiés sur le site internet de The Australian représentent des informations particulièrement sensibles concernant le sous-marin Scorpène, comme par exemple les manuels techniques ou les modèles des antennes du sous-marin.

"S'il s'agit de 22.400 pages, commente le spécialiste interrogé, c'est énorme. Cela permet de comprendre tout sur le sous-marin : la vitesse à laquelle il peut aller, le bruit qu'il fait, la vitesse à laquelle le mât peut être relevé.... Tout cela est tout simplement catastrophique."

Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a cherché à apaiser les esprits, vantant les normes élevées de sécurité en Australie, où le sous-marin australien sera construit.

"Cela nous rappelle à l'évidence que, particulièrement dans ce monde numérique, la cyber-sécurité est d'une importance critique", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Seven TV.

Le ministère de la Défense indien a fait savoir que la source de la fuite semblait être "à l'étranger et non pas en Inde".

Le ministre de la Défense Manohar Parrikar a dit de son côté qu'elle semblait résulter d'une intrusion informatique.

(Matt Siegel, avec Sanjeev Miglani et Douglas Busvine, Danielle Rouquié pour le service français)