Le ministre des Finances sud-africain n'envisage pas de partir

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Le ministre sud-africain des finances exclut de demissionner[reuters.com]
(Crédits : © Siphiwe Sibeko / Reuters)

JOHANNESBURG (Reuters) - Le ministre sud-africain des Finances, convoqué par la police dans le cadre d'une enquête sur une unité du fisc soupçonnée d'avoir mené des missions d'espionnage de plusieurs responsables politiques, a exclu de démissionner mercredi.

"J'ai un travail à faire dans un environnement économique difficile afin de servir l'Afrique du Sud de mon mieux. Laissez-moi faire mon travail", a déclaré Pravin Gordhan.

Le ministre, ainsi que plusieurs autres responsables du fisc sud-africain (SARS), ont été convoqués pour une entrevue avec un officier de l'unité d'élite de la police, les Hawks, a indiqué une source proche du dossier.

Pravin Gordhan a expliqué qu'il n'avait aucune obligation de se rendre à la convocation écrite adressée par la police et qu'il avait engagé des avocats pour le représenter.

Les Hawks enquêtent sur la création d'une unité secrète lorsque que Gordhan dirigeait l'administration fiscale sud-africaine et sur la régularité des opérations que cette dernière aurait conduites.

"Le ministre Gordhan n'est pas en mesure de rencontrer le brigadier Xaba jeudi à 14h00", a indiqué le cabinet d'avocats engagé par le ministre.

La presse sud-africaine rapportait au mois de mai que Pravin Gordhan risquait d'être poursuivi en justice car il était soupçonné d'avoir créé l'unité de surveillance fiscale pour espionner plusieurs responsables politiques, dont le président Jacob Zuma.

Cette affaire ressurgit dans un contexte de tension politique après les revers électoraux enregistrés par l'ANC de Zuma lors des élections municipales qui lui ont notamment fait perdre la municipalité de Johannesburg et celle de Tshwane, englobant la capitale, Pretoria.

Un ancien ministre des Finances, Trevor Manuel, a estimé que le limogeage de Gordhan serait un coup très sévère porté à l'économie sud-africaine.

"Une telle décision (limoger Gordhan) détruirait cette économie", a commenté Manuel sur la chaîne de télévision ENCA. "La prochaine étape est en fait que le chef de l'Etat appelle les Hawks et leur dise : si vous avez des preuves irréfutables, montrez-les", a-t-il ajouté.

La monnaie sud-africaine, le rand, a perdu 1,5% par rapport au dollar mercredi, accusant un repli de cinq pour cent face au billet vert depuis le début de l'affaire mardi.

Les marchés craignent que cette affaire constitue un stratagème politique pour évincer le ministre.

(Joe Brock et Tiiseto Motsoeneng; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Tangi Salaün)