L'Egypte se dote d'une loi sur la construction des églises

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Une loi sur la construction des eglises en egypte[reuters.com]
(Crédits : © Mohamed Abd El Ghany / Reuter)

LE CAIRE (Reuters) - Le Parlement égyptien a adopté mardi une loi attendue de longue date par la communauté chrétienne copte qui simplifie légèrement les procédures pour construire ou rénover des églises, un sujet sensible qui a souvent dégénéré en violences intercommunautaires par le passé.

Les coptes, qui représenteraient environ 10% des quelque 90 millions d'Égyptiens, se disent depuis longtemps victimes de discriminations, notamment en matière de lieux de culte.

La nouvelle loi, déjà à l'état de projet avant la chute de l'autocrate Hosni Moubarak en 2011, attribue aux gouverneurs de province (souvent d'anciens militaires) le pouvoir de délivrer des permis de construction ou de rénovation, domaine jusqu'alors réservé aux services de sécurité qui les refusaient la plupart du temps par crainte de troubles.

Des églises en construction ou des bâtiments transformés en églises par la communauté copte ont régulièrement été la cible d'attaques d'islamistes armés ou d'habitants musulmans des villes concernées, notamment dans les régions rurales de Moyenne-Egypte où les chrétiens sont nombreux.

L'Eglise copte orthodoxe a salué dans la nouvelle loi un pas dans la bonne direction mais certains députés chrétiens et les organisations de défense des droits de l'homme ont déploré que l'Etat n'ait pas plutôt opté pour une loi unique pour l'ensemble des lieux de culte.

La construction des mosquées est en effet régie par une loi de 2001 beaucoup moins restrictive, puisqu'elle pose comme seule condition la propriété du terrain et le respect des normes de construction.

A l'inverse, la nouvelle loi stipule que la taille d'une église doit être proportionnelle au nombre de chrétiens dans la région - ce qui pose problème vu qu'il n'y a pas de statistique officielle en la matière et que les coptes estiment leur nombre sous-évalué.

Plusieurs députés coptes avaient demandé le retrait de ce point du projet de loi, mais il a été maintenu.

"La nouvelle loi est une loi confessionnelle qui traduit la préférence de l'Etat pour les adeptes d'une religion par rapport à une autre", a déclaré à Reuters Ichak Ibrahim, de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

"Une loi unique aurait montré que l'Etat protège les droits de tous ces citoyens de manière égale. Cela aurait envoyé un message fort aux extrémistes", a-t-il ajouté.

(Ahmed Aboulenein et Mohamed Abdellah; Tangi Salaün pour le service français)