Harkis : Hollande reconnaît la responsabilité de la France

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PARIS (Reuters) - François Hollande a reconnu dimanche la responsabilité des gouvernements français dans l'abandon des harkis d'Algérie à l'occasion de la journée nationale d'hommage à ces anciens combattants d'origine algérienne.

Le chef de l'Etat honorait une promesse de campagne de 2012, quand il s'était engagé à reconnaître la responsabilité de la France.

"Je l'affirme ici clairement, au nom de la République, je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans des camps en France", a-t-il dit dimanche.

Le chef de l'Etat s'exprimait dans la cour d'honneur des invalides, à Paris, où étaient également présents Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, candidats à la primaire de la droite et du centre, ainsi que la présidente du Front national Marine Le Pen.

En avril 2012, François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, s'était engagé à reconnaître la responsabilité de la France "dans l'abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil des familles transférées dans des camps en France".

Il avait déçu les associations de harkis en ne traduisant pas cet engagement dans une loi de réparation et en participant, en revanche, aux commémorations des accords d'Evian, qui marquent le cessez-le-feu obtenu par le général de Gaulle et la fin de la guerre d'Algérie.

C'était la première fois qu'un chef d'Etat y prononçait un discours alors que cette journée - le 19 mars - est contestée par les anciens combattants d'origine algérienne et les pieds noirs.

Instituée par le décret du 31 mars 2003, la journée nationale d'hommage donne lieu chaque année, à Paris, à une cérémonie officielle dans la cour d'honneur des Invalides.

La situation des harkis constitue un enjeu avant chaque élection présidentielle en France.

Nicolas Sarkozy, qui avait lui aussi déçu leurs représentants durant son quinquennat, s'est engagé samedi près de camp de Rivesaltes où ont été parqués de nombreux harkis à supprimer la date du 19 mars et à initier des réparations.

"Le drame des harkis est celui de toute la France. Une tache de sang indélébile reste sur notre drapeau", a-t-il dit.

Deux autres candidats à la primaire de droite, Bruno Le Maire et François Fillon, ont également dénoncé l'abandon des harkis.

Quelque 60.000 harkis ont été admis en France après les accords d'Evian le 18 mars 1962 mais 55.000 à 75.000 harkis, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie et victimes de représailles sanglantes.

(Gérard Bon)