La Colombie va tourner la page de 52 années de conflit

reuters.com  |   |  484  mots
La paix entre la colombie et les farc doit etre signe lundi[reuters.com]
(Crédits : John Vizcaino)

par Helen Murphy et Luis Jaime Acosta

CARTHAGENE, Colombie (Reuters) - Le président colombien, Juan Manuel Santos, et le chef des rebelles marxistes des Farc, Timoléon Jimenez Timochenko, vont signer ce lundi un accord de paix qui mettra fin à 52 années d'une guerre civile qui a fait dans les 250.000 morts.

Au terme de quatre ans de négociations à La Havane, le président Santos et Timochenko, nom de guerre du révolutionnaire âgé de 57 ans, échangeront pour la première fois une poignée de main sur le sol colombien, en présence de dirigeants de la communauté internationale.

L'accord de paix, qui met fin au plus long conflit civil d'Amérique latine, fera des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) un parti politique à même de lutter dans les urnes et non plus sur le champ de bataille comme il l'a fait depuis 1964.

Deux mille cinq cents dignitaires colombiens et étrangers vont assister à la cérémonie, lundi, dans la ville coloniale de Carthagène des Indes.

"Je n'arrive pas à croire que ce jour est enfin arrivé, la paix arrive en Colombie!", s'est exclamé un homme de 43 ans, Juan Gamarra, joaillier à Carthagène.

Parmi les invités étrangers se trouvent le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le président cubain, Raúl Castro, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, mais aussi des victimes du conflit.

LES PROJETS ECONOMIQUES DE SANTOS

Si la perspective d'un arrêt du bain de sang et des enlèvements apporte un profond soulagement, l'accord n'en a pas moins provoqué des dissensions au sein de la société colombienne.

Certains, comme l'ancien président Alvaro Uribe, n'admettent pas que l'accord permette aux rebelles de se faire élire au Congrès et de ne pas purger la moindre peine de prison.

L'accord doit être ratifié par un référendum qui aura lieu le 2 octobre, mais les sondages laissent penser qu'il sera entériné sans difficulté.

Les Farc, qui au plus fort de leur lutte ont disposé de 20.000 combattants, devront remettre leurs armes aux Nations unies dans les 180 jours.

"C'est un jour tellement important; maintenant nous pouvons lutter sur le plan politique, sans verser de sang, sans guerre", déclarait Duvier, un rebelle âgé de 25 ans qui a participé à un congrès des Farc la semaine dernière.

Les Colombiens se demandent comment les 7.000 guerilleros restants vont être intégrés à la société, mais la majeure partie d'entre eux estiment que la paix apportera davantage de points positifs que de problèmes.

Cet accord de paix ratifié, le président Santos espère pouvoir tirer parti de son crédit politique pour faire adopter ses projets économiques, notamment une réforme fiscale destinée à compenser la baisse des revenus pétroliers provoquée par la chute des cours de l'or noir.

(Eric Faye pour le service français)