Ryad s'interroge après l'adoption aux USA de la loi 11-septembre

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La loi 11-septembre souleve les interrogations saoudiennes[reuters.com]
(Crédits : Faisal Al Nasser)

RYAD/DUBAI (Reuters) - L'adoption aux Etats-Unis d'une loi permettant aux familles des victimes des attentats du 11-Septembre d'engager des poursuites judiciaires contre l'Arabie saoudite a provoqué la stupeur à Ryad où l'on s'interroge sur les retombées diplomatiques et économiques de cette législation.

Le Sénat et la Chambre des représentants ont rejeté mercredi à une écrasante majorité le véto opposé par Barack Obama contre cette législation, dite loi JASTA, en dépit des appels du président qui a déploré "un dangereux précédent".

Le royaume wahhabite est depuis longtemps soupçonné d'avoir apporté un soutien aux pirates de l'air ayant perpétré les attentats contre les tours jumelles du World Trade Center et le Pentagone, faisant près de 3.000 morts. Ryad rejette ces suspicions. Quinze des 19 pirates de l'air étaient saoudiens.

Si le gouvernement saoudien est pour l'heure resté silencieux, des voix s'élèvent à Ryad pour réclamer une réaction.

"Que se passerait-il si l'Arabie saoudite gelait sa coopération avec les Etats-Unis en matière d'anti-terrorisme en réponse à (la loi) JASTA", demande sur Twitter Salmane al Dosary, rédacteur en chef du quotidien panarabe saoudien Al Sharq al Awsat.

Si la loi JASTA ne risque guère d'avoir à court terme des répercussions majeures sur les relations américano-saoudiennes, elle s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis.

La méfiance des Saoudiens à l'égard des américains est croissante, l'Arabie saoudite redoutant notamment que les Etats-Unis se rapprochent de plus en plus de l'Iran, son grand adversaire régional. Ryad regrette en outre les positions adoptées à Washington sur le conflit syrien et sur les autres crises que traverse le monde arabe.

"Cette loi est le reflet d'une campagne anti-saoudienne. Il est temps de s'éloigner quelque peu de l'Amérique", estime Abdoulkhalek Abdullah, analyste politique aux Emirats arabes unis.

Certains observateurs politiques redoutent que Ryad riposte en réduisant ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis ou limite sa coopération en matière de sécurité.

Theodore Karasik, du cabinet d'étude Gulf State Analytics, estime ainsi sur le site internet d'Al Arabiya que la loi JASTA risque de déclencher une "tempête judiciaire susceptible de saper les relations politique à un moment où des liens forts sont nécessaires pour combattre le terrorisme".

La loi JASTA pourrait en outre venir perturber les réformes économiques destinées à relancer le secteur privé et l'investissement alors que le royaume cherche à réduire sa dépendance à l'égard du pétrole.

(Katie Paul et Hadeel al Sayegh, Nicolas Delame pour le service français)