Robotique et image se marient pour la chirurgie mini-invasive

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Des blocs operatoires futuristes a strasbourg[reuters.com]
(Crédits : Vincent Kessler)

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - L'institut hospitalo-universitaire de Strasbourg (IHU), un centre de soins, de recherche et de transfert de technologies en chirurgie mini-invasive qui permet de repousser les limites des techniques opératoires sans ouverture des corps, ouvrira la semaine prochaine des blocs opératoires futuristes.

"Notre plateforme clinique est unique au monde", dit Jacques Marescaux, directeur général et initiateur de l'IHU, en évoquant la capacité qu'elle offrira de "tout analyser pendant l'intervention, l'IRM, le scanner, les échographies 4D, etc."

Classé premier ex-aequo parmi les six projets d'IHU retenus en 2011 par le programme gouvernemental des Investissements d'avenir, il allie la robotique à l'imagerie numérique.

Qu'elles servent à la formation ou aux interventions, les technologies de l'image sont omniprésentes dans les neuf salles d'opération dédiées aux pathologies de l'appareil digestif : écrans aux murs, caméras au plafond, appareils d'imagerie médicale installés à portée du champ opératoire.

Partenaire et matrice de l'IHU, l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad), que ce professeur en chirurgie digestive a créé et dirige depuis 22 ans, s'est forgé une réputation internationale en chirurgie mini-invasive, discipline dans laquelle il a formé 5.200 chirurgiens l'an dernier.

La chirurgie laparoscopique (endoscopie appliquée à la cavité abdomino-pelvienne), qui consiste à introduire une caméra et des outils miniaturisés dans le corps du patient par de simples incisions et par les voies naturelles, suppose une instrumentation sophistiquée mais également une vision optimale.

RÉALITÉ AUGMENTÉE

Pour passer à une "réalité augmentée", "il fallait que les machines du département de radiologie migrent dans celui de chirurgie", souligne Jacques Marescaux.

Le Zeego est, à ce titre, la star du bloc opératoire. Ce scanner robotisé, qui se présente comme une énorme pince articulée, peut effectuer en une seconde le tour du patient pour offrir au chirurgien une image de ses organes en 3 D et qu'il pourra superposer à celle du champ opératoire.

Siemens, qui a conçu cette machine pour la cardiologie interventionnelle, est l'un des principaux partenaires de l'IHU, avec Storz, autre entreprise allemande spécialiste des instruments d'endoscopie.

Les Américains Medtronic et Intuitive Surgical, leader mondial des robots de chirurgie mini-invasive, dont la dernière version du "da Vinci" équipe l'IHU, ont installé de leur côté un centre de formation à l'Ircad, qu'une passerelle et 400 fibres optiques relient au nouvel institut.

Fondation de coopération scientifique, l'IHU strasbourgeois a été doté d'un capital de 70 millions d'euros par l'Etat mais dispose d'un budget de 220 millions d'euros sur dix ans, programme de recherche inclus, avec l'apport du privé.

Le nouveau bâtiment, voisin du nouvel hôpital civil dont il constitue le pôle de chirurgie hépato-digestive, représente 100 millions d'euros dont 60 en équipements apportés par les industriels, 40 pour la construction de 13.000 m2 payée par les collectivités territoriales et les fonds européens.

6.000 PATIENTS PAR AN

Quelque 6.000 patients y seront traités par an et inscrits dans un protocole de recherche clinique ou médico-économique.

Avec ses partenaires de recherche privés et publics dont l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et ICube (Laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie), l'IHU s'attaque notamment au développement d'un robot compatible IRM scanner ou d'un robot d'endoscopie flexible, mais pas seulement.

Il veut également étudier les parcours de soins et le rapport coût-bénéfice d'une chirurgie de moins en moins traumatisante mais aux technologies de plus en plus onéreuses. Un Zeego coûte environ 500.000 euros, un da Vinci dernière génération, autour de deux millions.

L'IHU ne disposera d'aucune chambre - l'hôpital peut y suppléer - et privilégiera les parcours ambulatoires, offrant au patient opéré la possibilité de demeurer 24 ou 48 heures dans un "hospitel", structure hôtelière adaptée où ses paramètres médicaux seront surveillés à distance.

"Ce qui est cher, en chirurgie, c'est la complication. On va facilement prouver qu'avec les thérapies mini-invasives, le malade va être mieux traité, plus rapidement, avec le moins d'hospitalisation possible, donc moins de risques de maladies nosocomiales et moins de complications", dit Jacques Marescaux.

(Edité par Yves Clarisse)