Paris souhaite durcir la TTF pour concurrencer la City

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Paris voudrait user de la ttf pour rivaliser avec la city[reuters.com]
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par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva

PARIS (Reuters) - La place de Paris a bon espoir de voir les parlementaires revenir sur le durcissement de la taxe sur les transactions financières (TTF), une mesure qui nuit, selon elle, à l'intense campagne menée pour faire de Paris une alternative à la City de Londres après la sortie des Britanniques de l'Union européenne.

"Le dialogue est mené entre la place et les parlementaires pour permettre de faire prendre en compte les enjeux du moment", a déclaré vendredi à Reuters Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, l'organisme chargé de défendre les intérêts de la place financière.

Dans le cadre de l'examen en première lecture du projet de loi de finances (PLF) pour 2017, les députés ont voté dans la nuit de mercredi à jeudi l'élargissement du champ de la TTF aux transactions intrajournalières (dites "intra-day") - parmi lesquelles figurent les transactions à haute fréquence - et de relever le taux de ce prélèvement à 0,3% contre 0,2% actuellement.

"Nous comptons bien évidemment revenir sur ce sujet, dans les prochaines étapes de la discussion au Sénat puis à l'Assemblée nationale et à travers nos contact avec le gouvernement", a assuré Arnaud de Bresson pour qui un durcissement de la taxe constituerait "un mauvais message" envoyé par la France aux milieux financiers internationaux.

La possible perte du "passeport européen", qui assure l'accès aux marchés de l'Union européenne, obligerait les sociétés régulées à Londres à obtenir un agrément dans un pays de l'UE, ce qui a suscité la convoitise et la concurrence de nombreuses places financières comme Paris, Francfort, Milan, Amsterdam ou Dublin.

Le gouvernement, la ville de Paris, la région Île-de-France et le secteur financier français ont annoncé de nombreuses initiatives et un paquet de mesures, notamment fiscales pour renforcer l'attractivité de la France.

Dans ce contexte, le durcissement de la TTF est vu par les milieux financiers français comme une mesure contre-productive.

"Ces dispositions vont renchérir le coût du financement des entreprises françaises, et vont annihiler les efforts collectifs pour la compétitivité de la Place de Paris", estime pour sa part la Fédération bancaire française, qui évoque "un jour sombre pour l'attractivité de la France".

"C'est ce qu'on appelle le génie français", a commenté ironiquement un administrateur d'une grande banque commerciale française.

En privé, certains banquiers estiment que la France a de toute façon peu de chances de profiter du Brexit en raison de sa fiscalité et de son droit du travail, souvent jugés trop lourds en comparaison avec d'autres pays.

Certains financiers jugent également que l'épisode de la taxe à 75% de François Hollande a durablement terni l'image de la place.

(Avec Jean-Baptiste Vey et Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)