Toujours pas d'évacuations médicales d'Alep-Est, dit l'Onu

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L’onu s’inquiete pour les evacuations medicales d'alep-est[reuters.com]
(Crédits : © Denis Balibouse / Reuters)

GENEVE (Reuters) - Les Nations unies ont annoncé vendredi que les évacuations médicales d'Alep-Est n'avaient toujours pas commencé, l'absence de garanties de sécurité empêchant les secouristes de profiter de la pause dans les bombardements annoncée par la Russie.

Les Nations unies voudraient utiliser cette pause de quatre jours pour évacuer plusieurs centaines de malades et de blessés de la partie est de la ville assiégée par les forces gouvernementales syriennes et procéder à la livraison de l'aide humanitaire, a déclaré le porte-parole des Affaires humanitaires, Jens Laerke, lors d'un point sur la question.

L'ambassadeur de Syrie à Genève, Hussam Aala, a déclaré à Reuters que le gouvernement syrien avait donné aux Nations unies son feu vert pour les évacuations médicales il y a deux jours.

Des autocars et des ambulances sont prêtes, a-t-il ajouté, mais les évacuations n'ont pas lieu parce que des "terroristes", mot employé par le pouvoir syrien pour désigner l'opposition armée, et des snipers tirent sur les couloirs humanitaires et sur les points de passage.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeïd Ra'ad al Hussein, a pour sa part déclaré que le siège et les bombardements sur Alep-Est constituaient des "crimes de proportion historique".

Le Haut-Commissaire n'a pas spécifiquement mentionné la Russie, dont les avions de guerre pilonnent depuis des semaines la partie est de la grande ville aux côtés de l'armée de l'air syrienne, mais l'allusion était claire.

"Les groupes de l'opposition armée continuent de tirer des obus de mortiers et d'autres projectiles sur les quartiers habités par les civils d'Alep Ouest, mais les frappes aériennes indiscriminées sur la partie est de la ville par les forces gouvernementales et leurs alliés sont responsables de la très grande majorité des victimes civiles", a déclaré Zeïd Ra'ad al Hussein lors d'un discours par vidéo lors d'une séance spéciale du Haut-Commissariat.

Il a appelé les grandes puissances à mettre de côté leurs différends pour porter le dossier syrien devant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)

Le Royaume-Uni, qui avait demandé cette séance spéciale d'une journée aux côtés d'un certain nombre d'autres pays dont les Etats-Unis, dans le but de lancer une enquête spéciale sur Alep, s'en est pris directement à Moscou.

"Vous la Russie, vous rendez les choses pires, vous ne les résolvez pas", a déclaré Tobias Ellwood, ministre responsable de l'Afrique et du Proche-Orient dans le gouvernement de Theresa May.

"C'est une honte et ce n'est pas l'action ou le leadership que nous attendons d'un pays du P5", a-t-il ajouté, allusion aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie).

L'ambassadeur de Russie Alexeï Borodavkine a accusé le Royaume-Uni et ses alliés de "tenter de protéger les terroristes pour qu'ils ne soient pas la cible des frappes, leur permettant de se regrouper et de continuer leurs actes barbares".

Paulo Pinheiro, le président de la Commission d'enquête des Nations unies sur la Syrie, a précisé que celle-ci allait poursuivre ses investigations sur les crimes de guerre qui auraient été commis à Alep et a appelé le gouvernement du président syrien Bachar al Assad à fournir des informations sur les exactions dont il aurait connaissance.

(Tom Miles et Stephanie Nebehay; Danielle Rouquié pour le service français)