L'AfD espère récupérer les voix des Russes-Allemands

reuters.com  |   |  498  mots
L'afd espere recuperer les voix des russes-allemands[reuters.com]
(Crédits : Staff)

par Andrea Shalal

PFORZHEIM, Allemagne (Reuters) - Les Russes-Allemands sont au coeur des élections fédérales du 24 septembre en Allemagne, où les partis politiques espèrent récupérer les voix de plus deux millions d'électeurs d'une communauté sensible à la propagande venue de Moscou.

Le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui compte six candidats russes-allemands, s'est déjà placé pour récupérer un maximum de voix, en organisant deux rassemblements ces dernières semaines auprès de la communauté des "Russlanddeutsche", comme ils sont appelés en Allemagne.

Heinrich Zertik, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), est le premier et le seul élu russe-allemand au Bundestag.

Comme lui, ils sont près de trois millions d'Allemands à avoir des racines en Russie ou dans d'autres pays de l'ex-Union soviétique, dont il sont rentrés à la chute de l'URSS au début des années 1990.

Longtemps invisibles, les membres de la communauté russe-allemande ont défrayé la chronique en janvier 2016 quand quelque 10.000 d'entre eux ont manifesté contre le viol présumé d'une adolescente russe-allemande de 13 ans par des migrants.

La police allemande a rapidement prouvé que cette histoire était une "fake news" mais la communauté russe-allemande et l'extrême-droite s'étaient déjà emparés du fait divers pour demander l'expulsion des migrants.

Les autorités de Berlin craignent que Moscou utilise les réseaux sociaux et ses médias, comme Russia Today et Spoutnik, pour influencer l'électorat de cette communauté.

L'EXTRÊME-DROITE COURTISE LES RUSSES-ALLEMANDS

D'après Richard Hilmer, qui dirige Policy Matters, un centre de réflexion allemand, il est peu probable que les Russes-Allemands influencent les résultats des élections fédérales. Mais leur vote pourrait aider les petits partis à obtenir plus de sièges.

"La communauté russe-allemande pourrait influencer les scores des petits partis comme l'AfD dans certaines régions", estime-t-il.

Le porte-parole de l'AfD, Jörg Meuthen, s'est rendu il y a deux semaines près de Pforzheim, dans le sud-ouest du pays. Devant une cinquantaine de Russes-Allemands, qui l'ont longuement applaudi, il a averti du danger de l'arrivée massive de réfugiés et de "l'islamisation" de l'Allemagne.

"A l'époque, personne ne vous a fait de cadeaux ou vous a applaudis à votre arrivée en gare", a-t-il dit, en référence à l'arrivée massive de Russes-Allemands il y a 30 ans.

Pour certains, les réfugiés sont la principale préoccupation de la communauté. C'est le cas de Waldemar Birkle, un candidat russe-allemand pour l'AfD, qui se sent minoritaire face aux flux de migrants qui arrivent en Allemagne.

"Nous sommes revenus dans le pays de nos ancêtres pour une seule raison : préserver notre identité et notre culture, afin de rester allemand", a-t-il déclaré. "Nous ne sommes pas racistes, mais ne nous voilons pas la face, quand nous nous baladons dans Pforzheim, il ne reste que peu d'Allemands."

(Arthur Connan pour le service français, édité par Tangi Salaün)