Air Berlin : Une tête de pont pour l'Allemagne ?

reuters.com  |   |  545  mots

par Victoria Bryan et Alexander Hübner

BERLIN/FRANCFORT (Reuters) - Les administrateurs judiciaires d'Air Berlin s'attacheront à vendre ses créneaux d'atterrissage et de décollage en Allemagne, selon une source proche du dossier, ce qui est susceptible d'ouvrir le marché à de nouveaux venus.

Jusqu'à présent Air Berlin avait fait écran entre l'Allemagne en général et Lufthansa en particulier et les compagnies à bas coûts.

Mais la compagnie aérienne déficitaire a déposé son bilan mardi et Lufthansa tente d'en profiter pour consolider ses positions face à des compagnies telles que Ryanair et easyJet.

Certains doutent que Berlin accepte que les déconvenues de la deuxième compagnie aérienne allemande débouchent sur un nouvel équilibre des pouvoirs.

C'est ce que pense Michael O'Leary, le patron de Ryanair, qui voit dans la procédure de dépôt de bilan d'Air Berlin une nouvelle tentative de lui bloquer l'accès à l'Allemagne.

"Lorsque Malev a mis la clé sous la porte, tout le monde s'est précipité. Mais là il n'y a aucune porte d'entrée parce qu'il (le gouvernement allemand) fera en sorte que la compagnie continue de voler", a-t-il dit, faisant référence à la faillite de la compagnie hongroise Malev en 2012.

Les compagnies low cost ne représentent au total que 33% des vols en partance d'Allemagne, alors qu'elles ont une part de marché de 42% en Europe, selon des données de Flightglobal Schedules.

Air Berlin, qui n'existe guère au plan international, a cependant une part de marché de 27% sur les vols intérieurs allemands et Lufthansa 68%.

Les déboires d'Air Berlin pourraient faire le bonheur d'easyJet, qui discute déjà avec le gouvernement allemand, selon une autre source.

"Lufthansa et easyJet conviendraient bien", a déclaré la première source, celle faisant référence aux créneaux.

Le voyagiste britannique Thomas Cook a fait savoir mercredi que lui-même et sa compagnie aérienne allemande Condor étaient prêts à jouer un rôle actif dans la restructuration d'Air Berlin.

Air Berlin est très présente dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, avec le tiers environ des créneaux de l'aéroport de Düsseldorf, et c'est sans doute l'un de ses actifs les plus prisés.

En particulier par Lufthansa et la procédure judiciaire pourrait permettre à la première compagnie aérienne allemande de se servir sans avoir à assumer de passif. Encore que le droit de la concurrence pourrait entraver ses plans.

"Il sera peut-être difficile pour Lufthansa de reprendre tous les créneaux d'Air Berlin, d'autant que Lufthansa est très forte en Allemagne", dit Jens-Olrik Murach, associé du cabinet d'avocats bruxellois Gibson Dunn.

Gerald Khoo, analyste de Liberum, observe lui que Lufthansa doit prendre garde à ne pas charger son compte d'exploitation soit en s'assurant des avions dont Air Berlin assure le service pour son compte soit en reprenant d'autres actifs en plus.

Il estime que pour l'instant Lufthansa n'a sans doute pas grand chose à craindre en Allemagne car ni Ryanair ni easyJet ne pourraient probablement redéployer les nouvelles capacités cet hiver.

Mais à partir de l'été, la situation pourrait changer dans les aéroports allemands, ajoute-t-il.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)