Charlottesville : Trump défend ouvertement les symboles sudistes

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Charlottesville: trump s'en prend a deux senateurs republicains[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

par Steve Holland et Susan Heavey

WASHINGTON/BRIDGEWATER, New Jersey (Reuters) - Donald Trump a répondu jeudi avec virulence à ceux qui, jusque dans son camp, critiquent ses déclarations après la mort d'une militante antiraciste ce week-end à Charlottesville en Virginie tout en prenant ouvertement la défense des symboles sudistes.

Les affrontements à Charlottesville ont commencé quand un rassemblement de suprémacistes blancs venus manifester contre le projet de retrait d'une statue du général sudiste Robert E. Lee d'un parc public s'est retrouvé en contact avec des contre-manifestants antiracistes.

Dans une série de messages sur Twitter jeudi matin, Donald Trump s'en prend notamment aux Etats, de plus en plus nombreux, qui veulent ôter de l'espace public les statues et monuments à la mémoire des Etats confédérés esclavagistes pendant la guerre de Sécession.

C'est le cas notamment de la Caroline du Nord, de la Floride, de la Géorgie, du Kentucky, de la Louisiane, du Maryland, du Massachusetts, du Missouri, du Montana, de l'Etat de New York, du Tennessee et du Texas et de la Virginie.

"Triste de voir l'histoire et la culture de notre grand pays être mise en pièces avec le retrait de nos belles statues et monuments. On ne peut pas changer l'histoire, mais on peut en tirer des leçons", écrit le chef de la Maison blanche.

"Robert E Lee, Stonewall Jackson, qui sera le prochain, Washington, Jefferson ? Tellement ridicule", a-t-il ajouté, en référence au général Jackson, un confédéré, et aux présidents George Washington et Thomas Jefferson, qui possédaient des esclaves.

"La beauté des monuments qui vont être retirés de nos villes, nos villages et nos parcs vont grandement manquer et rien de comparable ne pourra les remplacer !"

Plus tôt dans la semaine, la réaction équivoque du chef de l'Etat après les violences qui se sont produites à Charlottesville, où Heather Heyer a été tuée, ont attisé les tensions raciales et politiques aux Etats-Unis.

Après avoir condamné lundi le racisme, le Ku Klux Klan et les néo-nazis, le chef de la Maison blanche est revenu mardi soir à sa position initiale consistant à renvoyer dos-à-dos suprémacistes blancs et antiracistes, mais en se montrant cette fois beaucoup plus catégorique.

Le revirement de mardi a provoqué un sentiment de malaise parmi les républicains modérés et chez certains dirigeants d'entreprise.

Jeudi encore, Donald Trump s'en est pris sur Twitter aux sénateurs républicains de Caroline du Sud Lindsey Graham et d'Arizona Jeff Flake, deux de ses grands détracteurs, ainsi qu'aux médias, affirmant qu'il n'avait pas effectué de comparaison morale entre les suprémacistes blancs et leurs opposants.

"MENSONGE DÉGOÛTANT"

Le sénateur de Caroline du Sud a déclaré mercredi que les propos du président suggéraient une "équivalence morale" entre les deux camps et avait appelé le président à trouver les mots pour apaiser les Américains. Jeff Flake a appelé de son côté à une condamnation sans équivoque des groupes suprémacistes blancs.

"En quête de publicité, Lindsey Graham a faussement déclaré que j'ai dit qu'il y avait une équivalence morale entre le KKK, les néo-nazi et les suprémacistes blancs et des gens comme Mlle Heyer. Quel mensonge dégoûtant. Il n'arrive tout simplement pas à oublier sa déroute électorale. Les gens de Caroline du Sud s'en souviendront", écrit le président.

Lindsey Graham a figuré parmi les nombreux candidats à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 2016.

Dans un autre tweet, il a pris pour cible Jeff Flake, qu'il a qualifié de "FAIBLE à propos des frontières, du crime et inutile au Sénat. Il est toxique !" Il a semblé au passage apporter son soutien à Kelli Ward, la rivale de Jeff Flake pour la primaire républicaine en vue des élections au Sénat en 2018.

Lindsey Graham a répondu dans un communiqué en demandant au président de réparer ce qu'il avait fait.

"A cause de la manière dont vous avez géré la tragédie de Charlottesville, vous avez été félicité par certains des individus et des groupes les plus racistes et les plus haineux de notre pays. Pour le bien de notre pays, en tant que notre président, s'il vous plaît, réparez cela", a déclaré le sénateur. "L'Histoire nous regarde, tous."

Les attaques de Trump contre les parlementaires de son propre parti pourraient rendre encore plus difficiles ses projets de réforme fiscale lors de la rentrée parlementaire en septembre.

Confronté dans le cadre de cette affaire à une vague de départs de chefs d'entreprises qui siégeaient au sein de deux commissions mises en place pour le conseiller, le 45e président des Etats-Unis a jugé préférable mercredi de couper court à l'expérience et de dissoudre ces commissions.

En outre, les spéculations vont bon train sur une démission de figures importantes de la Maison blanche qui ne voudraient plus que leur image soit associée à celle du président.

(Susan Heavey avec Makini Brice; Danielle Rouquié et Arthur Connan pour le service français, édité par Tangi Salaün)