Les Barcelonais s'attendaient à un attentat

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Les barcelonais s'attendaient a un attentat[reuters.com]
(Crédits : Sergio Perez)

par Andrés González

BARCELONE (Reuters) - Les critiques contre les autorités espagnoles et catalanes ont commencé à se faire entendre vendredi au lendemain de l'attaque à la fourgonnette qui a fait 13 morts et des dizaines de blessés sur la très touristique avenue des Ramblas dans le centre de Barcelone.

Alors que l'heure est au recueillement et aux manifestations de sympathie, des habitants de la ville ont expliqué qu'ils redoutaient depuis longtemps qu'une tragédie de ce genre ne se produise chez eux, comme cela a été le cas à Nice, à Londres, à Berlin et à Stockholm au cours de l'année écoulée.

Plusieurs résidents s'interrogent sur l'absence de plots ou de barrières empêchant l'accès des véhicules au terre-plein central de l'avenue utilisé par les piétons et encadré par des couloirs de circulation.

D'autres notent que les autorités doivent trouver le juste équilibre entre la protection des activités touristiques, secteur crucial d'une économie espagnole encore convalescente après des années d'austérité, et la conservation du style de vie local.

La municipalité de Barcelone fait valoir que des unités supplémentaires de police avaient été déployées dans cette partie de la ville alors que les visiteurs sont particulièrement nombreux en cette période estivale.

"C'était pratiquement sûr que cela allait arriver ici, surtout après ce qu'il s'est passé à Nice", affirme Gabriel Rabarte, agent de sécurité dans un centre commercial près des Ramblas. "Ils auraient dû mettre des (bornes de sécurité) ou quelque chose du genre".

Gally Battat, un jeune Américain résidant près de l'avenue, explique que la semaine passée il s'était fait la remarque d'une absence de plots interdisant aux voitures d'accéder au terre-plein central.

Les autorités espagnoles ont installé ce type d'obstacles en béton pour assurer la sécurité de certaines zones vulnérables et la municipalité de Barcelone y avait eu recours de manière temporaire lors des fêtes du Nouvel An dans le centre-ville.

Les camions d'une certaine taille avaient été interdits de circulation dans les quartiers du centre lors de cette période.

CIBLE FACILE

"Nous avons toujours dit que Les Ramblas étaient une cible facile", explique Jose Moya, qui travaille comme fleuriste depuis trente ans sur cette artère très passante.

"Je ne dis pas que c'est la faute de la police mais (...) il aurait pu y avoir des camions de la police bloquant l'entrée, cela aurait sauvé des vies", ajoute-t-il.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a invité vendredi ses homologues des grandes citées européennes à une rencontre en septembre pour discuter de la lutte contre le terrorisme.

"Ce sont les maires désormais, on le voit à Berlin, Londres, Paris, Nice, Barcelone, Stockholm, qui sont les premiers confrontés à cette violence (...) mais qui pourtant ne sont pas ceux qui participent aux grandes réformes nationales et européennes", a-t-il expliqué.

Le 14 juillet 2016, un homme au volant d'un camion avait tué 86 personnes en fonçant pendant plusieurs centaines de mètres sur la foule qui était venue assister à un feu d'artifice sur la Promenade des Anglais.

La maire de Barcelone, Ada Colau, a tenté de mettre les choses en perspective. "Une sécurité absolue est impossible, cela signifierait renoncer à notre liberté et nous enfermer chez nous", a-t-elle déclaré vendredi sur la télévision catalane.

"Avoir un contrôle à 100% sur les nombreux endroits qui peuvent être pris pour cible dans une grande ville internationale comme Barcelone est impossible", a-t-elle affirmé.

Joaquim Forn, chargé des affaires intérieures à la généralité de Catalogne, a abondé dans le même sens. "Je comprends les critiques, mais cela n'est pas réalisable. On ne peut pas couvrir Barcelone de bornes en béton", a-t-il dit.

(Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)