Donald Trump limoge son conseiller controversé Steve Bannon

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Donald trump limoge steve bannon[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

par Jeff Mason et Steve Holland

WASHINGTON/HAGERSTOWN, Maryland (Reuters) - Donald Trump a limogé vendredi son conseiller stratégique Steve Bannon, l'un des architectes de sa victoire à l'élection présidentielle américaine en novembre dernier et l'un des promoteurs au sein de la Maison blanche d'une vision protectionniste et nationaliste pour les Etats-Unis.

Ce départ de Steve Bannon, un an et un jour après son enrôlement en tant que chef de la campagne présidentielle de Donald Trump, est le dernier rebondissement en date dans la vie tumultueuse que connaît la Maison blanche depuis plusieurs semaines, entre rivalités de personnes, antagonismes idéologiques et mises à l'écart soudaines, le tout sur fond d'enquête officielle pour des soupçons de collusion entre l'entourage du président américain et la Russie.

Son limogeage intervient en outre au terme d'une semaine au cours de laquelle Donald Trump a paru de plus en plus isolé, aussi bien vis-à-vis du reste de la classe politique que des milieux d'affaires et de la société américaine en général, pour ses propos renvoyant dos à dos suprémacistes blancs et contre-manifestants antiracistes après les violences survenues à Charlottesville, en Virginie.

Durant ses quelques mois passés à la Maison blanche, Steve Bannon, 63 ans, s'est heurté de front aux collaborateurs jugés plus modérés de Donald Trump.

Il a joué un rôle essentiel dans certaines des initiatives les plus controversées du président américain, de l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de certains pays musulmans à la sortie de l'accord de Paris sur le climat en passant par la remise en cause de pactes commerciaux ou encore la lutte contre l'immigration clandestine.

JOHN KELLY CHARGÉ DE REMETTRE DE L'ORDRE

Honni par les tenants d'une approche libérale sur les questions de société, repoussé par l'élite du Parti républicain, Steve Bannon est en revanche particulièrement apprécié dans les cercles les plus conservateurs ayant contribué à l'accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

D'après des responsables à la Maison blanche, Donald Trump a confié à son nouveau secrétaire général John Kelly, nommé fin juillet, la mission de mettre fin aux guerres intestines au sein de son administration et le sort de Steve Bannon, dont ses opposants réclamaient la tête de plus en plus ouvertement, a été scellé par des déclarations publiées mercredi par le magazine American Prospect, classé à gauche.

Steve Bannon s'est en pris directement dans ce magazine à ses adversaires au sein de la Maison blanche, disant notamment livrer une bataille de tous les jours contre le conseiller économique Gary Cohn, un ancien banquier de Goldman Sachs. Il a aussi défendu sa vision d'une guerre économique avec la Chine.

"Le secrétaire général de la Maison blanche John Kelly et Steve Bannon sont convenus du fait qu'aujourd'hui serait le dernier jour de Steve", a annoncé la porte-parole de la Maison blanche Sarah Sanders dans un communiqué.

Steve Bannon a repris dès vendredi après-midi ses fonctions de président exécutif de Breitbart News, un site internet dont il a fait une plate-forme d'expression pour l'"alt-right", autrement dit l'extrême droite américaine au sens large, des néo-nazis aux suprémacistes blancs en passant par les antisémites.

"LA PRÉSIDENCE TRUMP POUR LAQUELLE NOUS AVONS GAGNÉ EST TERMINÉE"

Il a jugé que son départ de la Maison blanche marquait un tournant majeur dans la présidence de Donald Trump.

"La présidence Trump pour laquelle nous avons combattu, et gagné, est terminée", a-t-il dit à la publication conservatrice Weekly Standard. "Je pense simplement que sa capacité à accomplir quoi que ce soit, en particulier les choses les plus grandes comme le mur (à la frontière avec le Mexique), les choses les plus grandes et les plus vastes pour lesquelles nous nous sommes battus, cela va tout simplement être beaucoup plus dur."

Si les démocrates se sont réjouis de cette mise à l'écart, trois responsables de l'administration Trump ont néanmoins déclaré qu'elle ne signifiait pas un recentrage du président américain sur les questions économiques, diplomatiques ou de défense.

"Une bonne partie de ce qui a été attribué à Bannon, par exemple sur le commerce avec la Chine et la limitation de l'immigration, et le mur à la frontière, tout cela est apparu avant que Bannon ne rejoigne la campagne et se serait produit sans lui", a dit un responsable de la Maison blanche ayant requis l'anonymat.

Donald Trump avait lui-même dès mardi minimisé le rôle de "son ami" dans la victoire à la présidentielle de 2016.

"M. Bannon est arrivé tardivement. Vous le savez. J'ai battu 17 sénateurs, gouverneurs et j'ai remporté toutes les primaires. M. Bannon est arrivé bien après tout cela. Et je l'aime bien. C'est un brave homme. Il n'est pas raciste. Je peux vous le dire. C'est une belle personne. En fait, il est critiqué injustement pour cela", avait déclaré le président américain.

(Avec Makini Brice, Susan Heavey, John Walcott, David Brunnstrom, Megan Davies, Justin Mitchell, Mohammad Zargham et David Alexander; Bertrand Boucey pour le service français)