Offensive contre l'enclave de l'EI à la frontière Liban-Syrie

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Offensive contre l'enclave de l'ei a la frontiere liban-syrie[reuters.com]
(Crédits : Mohamed Azakir)

par Tom Perry et Angus McDowall

BEYROUTH (Reuters) - L'armée libanaise a annoncé samedi le déclenchement d'une offensive contre l'enclave occupée par des combattants de l'organisation Etat islamique à la frontière avec la Syrie, dans le nord-est du pays.

De l'autre côté de la frontière, le Hezbollah chiite libanais a simultanément lancé conjointement avec l'armée syrienne une opération contre les djihadistes de l'EI sur le mont Qalamoun.

L'état-major des forces libanaises a précisé que ces deux offensives étaient distinctes.

"Il n'y a pas de coordination, ni avec le Hezbollah, ni avec l'armée syrienne", a déclaré le général Ali Kanso, ajoutant lors d'une conférence de presse télévisée que l'armée avait commencé à resserrer le siège des combattants de l'EI il y a deux semaines.

"Il s'agit de la bataille la plus difficile jamais menée par l'armée libanaise contre des groupes terroristes", a-t-il poursuivi, évoquant "la nature du terrain et de l'ennemi" et déclarant que les 600 djihadistes de l'EI présents dans l'enclave étaient autant de "kamikazes".

L'armée vise les positions de l'EI près de la ville de Ras Baalbek à l'aide de roquettes, de pièces d'artillerie et d'hélicoptères, a précisé une source proche des services de sécurité.

Cette enclave est la dernière poche occupée par des combattants hostiles au président syrien Bachar al Assad à la frontière libano-syrienne.

L'opération "Aube des Jurd" a commencé vers 05h00 (02h00 GMT). Elle est supervisée par le président libanais Michel Aoun. Le Jurd est la zone montagneuse située entre le Liban et la Syrie.

UN TIERS DE LA ZONE REPRISE

L'offensive des combattants du Hezbollah et de l'armée syrienne se déroule dans la région montagneuse du Qalamoun occidental, du côté syrien de la frontière, à la hauteur de Ras Baalbek.

Une source au sein des services de sécurité a indiqué que l'offensive progressait avec la prise de plusieurs collines et un porte-parole de l'armée a estimé qu'un tiers environ de la zone a été reprise aux djihadistes dont une vingtaine ont été tués soit dans des affrontements directs, soit dans des bombardements, soit dans des frappes aériennes.

Dans un communiqué, le Hezbollah dit tenir sa promesse d'"éliminer la menace terroriste aux frontières de notre nation" et précise qu'il combat "côte à côte" avec l'armée syrienne mais ne fait nullement mention de l'opération lancée par l'armée libanaise.

Un commandant de l'alliance militaire soutenant le régime de Bachar al Assad a cependant indiqué qu'il y avait "naturellement" de la coordination.

Une opération conjointe entre l'armée libanaise d'une part, le Hezbollah et l'armée syrienne de l'autre, serait particulièrement sensible et susceptible de remettre en cause l'aide militaire américaine apportée au Liban, les Etats-Unis considérant le Hezbollah comme une organisation terroriste.

Depuis l'évacuation au début de la semaine de rebelles syriens appartenant au groupe Saraya Ahl al Cham qui étaient installés dans ce secteur, l'enclave de l'EI visée par l'armée libanaise constitue la dernière poche tenue sur le territoire libanais par des combattants luttant contre Assad en Syrie.

A l'été 2014, des combattants de l'Etat islamique et de l'ex-Front al Nosra, affilié à Al Qaïda, ont attaqué la ville d'Ersal, dans le nord-est du Liban. L'assaut a fait des dizaines de morts et l'armée reste sans nouvelle de neuf soldats libanais capturés par les djihadistes de l'EI.

(Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)