BHP Billiton renoue avec les profits, va sortir des schistes US

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Bhp billiton renoue avec les profits sur l'exercice 2016-2017[reuters.com]
(Crédits : David Gray)

par Jim Regan (Australia)

SYDNEY (Reuters) - BHP Billiton a fait état mardi d'une hausse de son bénéfice annuel ajusté et a annoncé son intention de sortir des schistes aux Etats-Unis, un secteur peu performant et qui mécontentait certains actionnaires.

Le premier groupe minier mondial est soumis depuis plusieurs mois à la pression des fonds Elliott Management et Tribeca qui le pressent de revoir ses investissements dans les hydrocarbures aux Etats-Unis, d'augmenter la rémunération de ses actionnaires et de renoncer à sa double cotation à Londres et à Sydney.

Sur l'exercice 2016-2017 clos le 30 juin, BHP Billiton a bénéficié d'une reprise des matières premières industrielles qui lui a permis d'augmenter ses bénéfices, de réduire son endettement de près de 10 milliards de dollars à 16,3 milliards de dollars (13,84 milliards d'euros) et de tripler son dividende final à 0,43 dollar par action.

Le bénéfice net ajusté, ressorti à 6,7 milliards de dollars, contre 1,2 milliard un an auparavant, est cependant en deça des 7,4 milliards de dollars du consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Le marché s'est toutefois focalisé sur la réduction de l'endettement et sur la volonté du groupe d'en finir avec les schistes américains, ce qui a permis à l'action de gagner 1,09% à 25,98 dollars sur l'Australian Securities Exchange. A Londres, l'action bondit de plus de 3%, réalisant la deuxième performance du FTSE et de l'indice européen Stoxx 600.

Comme d'autres groupes miniers, BHP a profité de la remontée des cours des matières premières pour augmenter la rémunération des actionnaires sur l'exercice en cours. Rio Tinto et le producteur de minerai de fer Fortescue Metals ont ainsi versé des dividendes record, tandis qu'Anglo American a cessé de passer le dividende.

En réponse aux appels de certains actionnaires de se débarrasser des schistes acquis au plus fort du boom pétrolier, BHP a dit qu'il "cherchait activement le moyen d'en sortir".

Le directeur général Andrew Mackenzie a dit privilégier des ventes par petits lots sans donner de date de sortie définitive.

"Le dossier intéresse sans nul doute beaucoup de monde", a-t-il déclaré à la presse.

Le fonds australien Tribeca a salué la décision de BHP. "Nous ne considérions pas cette activité comme stratégique pour BHP. Nous pensons qu'il peut dégager une valeur supérieure aux attentes du marché pour le pôle terrestre US", a déclaré James Eginton, analyste de Tribeca.

Le fonds Elliott Management, qui a porté la semaine dernière sa participation dans BHP à 5%, n'était pas disponible dans l'immédiat.

Le président de BHP, Jac Nasser, qui sera remplacé le 1er septembre par Ken MacKenzie, a reconnu que l'investissement de 20 milliards de dollars, il y a six ans, dans les schistes américains était une erreur. Les analystes estiment qu'ils pourraient être revendus la moitié environ de cette somme.

"L'acquisition des schistes a été réalisée à contre-temps. Nous l'avons surpayée", a également admis Ken Mackenzie, ajoutant: "Nous avons radicalement changé la façon dont nous allouons le capital".

HAUSSE DES COURS DES MATIÈRES PREMIÈRES

Le bénéfice ajusté de BHP a progressé grâce à une hausse de 32% du prix du minerai de fer et à une croissance de la demande des sidérurgistes chinois qui lui en achètent la majeure partie.

Les prix du cuivre, du pétrole, du charbon, du nickel et d'autres matières premières ont également augmenté et seul celui du gaz naturel liquéfié a diminué.

"L'élan se perpétuera durant l'exercice financier 2018 avec une croissance en volume de 7% et de nouveaux gains de productivité attendus", a dit Mackenzie.

S'il se dégage des schistes, BHP veut en revanche continuer dans le pétrole conventionnel, en particulier dans le Golfe du Mexique, y voyant une grande source de profits futurs.

Le résultat net part du groupe est ressorti à 5,89 milliards contre une perte annuelle record de 6,39 milliards sur 2015-2016, imputable aux coûts liés à la rupture d'un barrage au Brésil et à des dépréciations exceptionnelles de 7,7 milliards de dollars.

Le groupe minier a enregistré une hausse de 24% de son chiffre d'affaires annuel à 38,29 milliards de dollars.

Ses dépenses d'investissement et d'exploration ont baissé de 32% sur 2016-2017, à 5,2 milliards de dollars.

BHP ajoute que ce total devrait remonter à 6,9 milliards au cours de l'exercice qui vient de commencer, tout en restant sous les huit milliards sur 2018-2019 et sur 2019-2020.

(avec Sonali Paul et Anusha Ravindranath; Benoit Van Overstraeten et Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)