Les quatre survivants de la cellule djihadiste de Catalogne présentés à un juge

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Les quatre survivants de la cellule djihadiste de catalogne presentes a un juge[reuters.com]
(Crédits : Jon Nazca)

par Adrian Croft

MADRID (Reuters) - Les quatre membres présumés de la cellule djihadiste à l'origine des attentats en Catalogne qui sont aux mains de la police ont été présentés ce mardi à un juge de l'Audience nationale à Madrid, compétente pour les dossiers de terrorisme.

Les quatre gardés à vue ont été transférés en convoi de Barcelone à Madrid. Les véhicules de police les transportant sont arrivés sirène hurlante au siège de l'Audience nationale.

Les huit autres membres du groupe ont trouvé la mort ou ont été abattus lors de la préparation ou de l'exécution des attaques de jeudi dernier à Barcelone puis dans la station balnéaire de Cambrils, revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).

Le dernier suspect encore en cavale, Younès Abouyaaqoub, qui était recherché par toutes les polices d'Europe, été tué lundi en fin d'après-midi à Subirats, une commune située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Barcelone.

Les enquêteurs ont établi que ce jeune Marocain de 22 ans était l'auteur de l'attaque à la camionnette bélier qui a fait 13 morts et une centaine de blessés sur les Ramblas de Barcelone. Il a tué une 14e personne dans sa fuite.

L'instruction judiciaire a été confiée au juge Fernando Andreu.

PASSEPORT VOLÉ ?

L'un des suspects en détention, Driss Oukabir, s'est volontairement livré à la police. Son passeport a été retrouvé à l'intérieur de la fourgonnette utilisée à Barcelone.

Son frère, Moussa, et quatre autres membres de la cellule ont été abattus par les forces de l'ordre après avoir foncé sur des policiers et des passants dans la nuit de jeudi à vendredi à Cambrils. Une femme a été tuée dans l'attaque. Driss Oukabir se dit innocent et affirme que son frère lui a volé son passeport.

Mohammed Aalla, qui devait également être présenté au juge Andreu, est le propriétaire de l'Audi utilisée à Cambrils. Un de ses frères, Saïd, a été tué dans la station balnéaire; un autre, Youssef, aurait péri dans l'explosion qui a détruit, la nuit précédant les attaques, une maison située à Alcanar, au sud de Barcelone.

Les enquêteurs pensent que cette résidence, où ont été découvertes des bonbonnes de gaz et du TATP, une substance explosive, servait d'atelier clandestin à la cellule djihadiste. L'explosion accidentelle a sans doute précipité le passage à l'acte et contraint les assaillants à changer de mode opératoire, optant pour des attaques moins sophistiquées.

Les éventuelles déclarations de Mohamed Houli Chemlal, blessé dans cette explosion et arrêté par la police, pourraient permettre d'en savoir davantage.

Le quatrième gardé à vue, Salah el Karib, tenait un café internet à Ripoll, une petite communauté de 11.000 habitants dans le nord de la Catalogne d'où venaient plusieurs membres de la cellule. Son établissement, écrit le quotidien La Vanguardia, a servi à envoyer de l'argent au Maroc.

Les quatre hommes, qui comparaissaient séparément à huis clos, devraient être formellement inculpés de terrorisme, meurtre et détention d'armes et placés en détention provisoire.

COMPLICITÉS ?

Les enquêteurs poursuivent parallèlement leurs investigations, cherchant notamment à déterminer si Abouyaaqoub a bénéficié de complicités lors de sa cavale. "Il est clair qu'il a dû avoir une sorte de logistique", a dit Carlos Mundo, responsable de la justice au sein de l'exécutif régional de Catalogne, au micro de la radio catalane.

L'enquête se poursuit également au niveau international.

La police autonome de Catalogne a notamment demandé à la Belgique des informations sur le séjour près de Bruxelles d'Abdelbaki Es Satty, considéré comme le mentor du groupe, au début de l'année dernière, ont déclaré les services du procureur fédéral. Hans Bonte, bourgmestre de la ville de Vilvoorde, a indiqué à la chaîne publique flamande VRT que l'imam, mort dans l'explosion d'Alcanar, était venu pour chercher du travail.

En France, où l'Audi utilisée à Cambrils a été flashée en excès de vitesse en région parisienne quelques jours avant les attentats, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a déclaré que la cellule djihadiste était inconnue des services de renseignement français. "Au départ, on ne connaissait pas cette cellule qui était exclusivement espagnole", a-t-il dit sur BFM TV.

Citant une source proche de l'enquête, BFM TV rapporte que deux membres de la cellule djihadiste, Younès Abouyaaqoub et un des cinq assaillants de Cambrils, sont passés par la région parisienne le week-end précédant les attaques.

Les deux hommes, ajoute la chaîne d'informations en continue, "ont passé la nuit dans un hôtel de la région parisienne avant de se rendre dans la capitale pour effectuer des achats dans un grand magasin".

(avec Cyril Camu à Paris; Henri-Pierre André pour le service français)