Allemagne : Nouvelle dégradation du moral des investisseurs

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Allemagne: nouvelle degradation du moral des investisseurs[reuters.com]
(Crédits : © Xxstringerxx Xxxxx / Reuters)

par Michael Nienaber et Maria Sheahan

BERLIN (Reuters) - Le moral des investisseurs allemands s'est assombri en août pour le troisième mois d'affilée, montrent mardi les résultats de l'enquête mensuelle de l'institut ZEW, qui évoque un lien entre cette dégradation et le scandale des émissions polluantes qui secoue le secteur automobile dans le pays.

L'indice ZEW du sentiment économique est tombé à 10,0 contre 17,5 en juillet, son plus bas niveau depuis octobre dernier et nettement inférieur au consensus Reuters qui le donnait à 15,0.

La réputation du secteur et le choix technologique du diesel, longtemps privilégié par les constructeurs allemands, sont remis en cause depuis que Volkswagen a reconnu en 2015 avoir créé des logiciels pour truquer les tests d'émissions aux Etats-Unis.

L'affaire a rebondi le mois dernier avec la décision des autorités européennes de la concurrence d'ouvrir une enquête sur des soupçons d'entente entre constructeurs automobiles allemands sur l'utilisation de dispositifs de contournement des normes anti-pollution.

Achim Wambach, président de l'institut ZEW d'études de Mannheim, souligne que ce scandale, ainsi que des signes de dégradation des exportations du pays, contribuent à la perte de confiance des investisseurs dans la première économie européenne.

"La baisse sensible (...) reflète la grande nervosité concernant la trajectoire de croissance en Allemagne," dit-il.

Il a toutefois ajouté que les perspectives économiques "restent relativement stables à un niveau assez élevé", une appréciation plus conforme au diagnostic rendu lundi par la Bundesbank.

Dans son rapport mensuel publié lundi, la banque centrale allemande a estimé que la croissance du pays pourrait aller au-delà des attentes cette année, grâce à une production industrielle, des exportations et une consommation exceptionnellement dynamiques.

Les dernières statistiques de la balance commerciales ont toutefois montré que les exportations avaient baissé de 2,8% en juin, un recul plus marqué qu'attendu et le plus important depuis août 2015.

PROFITS RECORD

Contrairement à l'indice du sentiment économique, le sous-indice ZEW mesurant l'évaluation de la situation économique actuelle par les investisseurs a progressé à 86,7 contre 86,4 en juillet, alors que le consensus Reuters était en recul à 85,5.

Selon la première estimation officielle publiée la semaine dernière, la croissance de l'économie allemande a atteint 2,1% en rythme annualisé au deuxième trimestre, portée par la consommation des ménages et la production manufacturière.

La Buba anticipait en juin une croissance de 1,9% en 2017, soutenue par de bonnes perspectives pour le secteur privé. Plus prudent, le gouvernement table sur une croissance de 1,5% en données brutes, ce qui équivaudrait à de 1,8% en données ajustées des effets calendaires.

Volkswagen, première capitalisation boursière allemande, a relevé fin juillet sa prévision de chiffre d'affaires 2017 après avoir fait état de résultats supérieurs aux attentes au deuxième trimestre grâce à des réductions de coûts et au lancement de nouveaux modèles.

Près d'un tiers des grands groupes cotés ont relevé leurs prévisions de résultats après des profits records au deuxième trimestre.

Selon le cabinet EY, le résultat combiné des 30 sociétés de l'indice phare DAX de la Bourse de Francfort a augmenté d'un tiers, à un niveau record de 39 milliards d'euros, grâce notamment à la demande en provenance d'Asie et des Etats-Unis.

L'indice ZEW, basé sur une enquête auprès de 200 analystes et gérants, sera suivi vendredi de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne. Les analystes s'attendent à un repli à 115,5 points après trois records d'affilée de mai à juillet.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)