La BNS parlera-t-elle différemment du franc ?

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La bns parlera-t-elle differemment du franc?[reuters.com]
(Crédits : Ruben Sprich)

par John Revill

ZURICH (Reuters) - Le récent tassement du franc suisse est a priori une bonne nouvelle pour la Banque nationale suisse (BNS) mais ce n'est pas pour autant qu'elle rompra avec sa politique monétaire ultra-accommodante au terme de sa réunion de politique monétaire.

La réunion de jeudi aura surtout pour objet de déterminer s'il faut toujours écrire que le franc est "significativement surévalué", dans la mesure où l'euro a gagné 5% contre le franc suisse depuis juillet.

La dernière enquête Reuters auprès de spécialistes de la BNS laisse penser que la décision est loin d'être acquise.

Huit économistes interrogés à ce sujet pensent que la banque centrale conservera cette formulation, huit autres disent qu'elle jugera le franc "surévalué" et deux autres estiment qu'elle le jugera "correctement évalué".

"Il se peut que la BNS change de formulation sur le franc (...) ce qui ne veut pas dire qu'elle annoncera par là ses intentions mais seulement que cela reflétera les conditions du moment", dit Alessandro Bee, économiste d'UBS.

"Dans la mesure où la BCE (Banque centrale européenne) évolue vers le 'tapering' (réduction progressive de son programme d'assouplissement quantitatif) et où le franc faiblit face à l'euro ces derniers temps, la BNS a plus de marge de manoeuvre mais je pense que M. (Thomas) Jordan (NDLR-le président de la BNS) restera très prudent et ne variera pas pendant encore quelque temps".

Cornelia Luchsinger, économiste de la Banque cantonale de Zurich, ne pense pas que le moment soit venu de parler différemment du franc à la BNS.

"L'affaiblissement du franc ces dernières semaines donne à la BNS plus de champ pour ajuster sa politique monétaire et on voit bien qu'elle intervient bien moins qu'auparavant", explique-t-elle. "La BNS est satisfaite de l'évolution du franc, mais pas encore assez satisfaite".

Les 35 économistes interrogés par Reuters sont toutefois unanimes sur le fait que l'institut d'émission ne modifiera pas sa fourchette d'objectif pour le taux Libor, actuellement de -1,25% à -0,25%. La plupart d'entre eux pensent qu'elle prévaudra jusqu'à la fin de l'an prochain.

Le taux de -0,75% appliqué aux dépôts à vue ne devrait pas non plus bouger, les taux négatifs étant l'un des piliers de la politique monétaire de la BNS depuis le désarrimage abrupt du franc suisse à l'euro intervenu en janvier 2015.

Une inflation qui reste molle et un PIB qui donne des signes de faiblesse plaident à leur tour pour un statu quo de la BNS, dit Peter Rosenstreich (Swissquote), pour qui une diminution des achats de devises sera la première étape de la normalisation monétaire.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Patrick Vignal)