Logement : La FFB s'inquiète des projets du gouvernement

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Impôt sur la fortune immobilière (IFI), recentrage du dispositif Pinel de soutien à l'investissement locatif, baisse des aides au logement, les projets du gouvernement inquiètent la Fédération française du bâtiment, qui pointe des risques de rechute d'un secteur au moment où son rebond s'essouffle.

"Dans un marché qui s'infléchit déjà, il importe de ne pas jouer aux apprentis sorciers. La reprise de l'emploi dans le secteur ne survivrait pas à une potion trop amère", a déclaré mercredi Jacques Chanut, le président de la FFB.

Pour son point de conjoncture de rentrée, la Fédération constate que, dans l'immédiat, les perspectives restent bien orientées, ce qui l'a amenée à relever de 3,4% à 4% ses prévisions de croissance de l'activité dans le bâtiment en 2017.

Elle souligne que 15.900 postes ont été créés dans le secteur au premier semestre, intérim compris, et que sa prévision initiale pour l'ensemble de l'année (10.000 postes créés) "sera, elle aussi, dépassée".

Pour autant, elle relève aussi "une amorce de décrochage" dans le neuf, la locomotive de la sortie de crise amorcée début 2014, illustrée par le ralentissement en cours de la demande de crédits immobiliers et la baisse des ventes de logements du deuxième trimestre.

Pour Jacques Chanut, "il semble que la hausse des prix de vente relevée depuis 2016 commence à désolvabiliser certains ménages, faute de pouvoir compter sur une nouvelle amélioration des conditions de crédit".

L'ÉTINCELLE QUI DÉCLENCHE L'INCENDIE

Le président de la FFB s'inquiète en outre de "l'effondrement du taux de réalisation des budgets des collectivités locales pour les travaux de bâtiment", en lien avec les efforts financiers demandés à celles-ci.

Dans ce contexte, la situation pourrait se dégrader encore compte tenu des premières annonces du gouvernement en matière de fiscalité et de budget, avertit-il.

Le futur IFI, appelé à se substituer à l'impôt de solidarité sur la fortune, "s'il portait effectivement sur le locatif privé, constituerait une nouvelle négation du rôle économique des investisseurs", a-t-il dit. Il y voit également le "énième jalon sur le chemin de la disparition de l'épargne-logement".

S'y ajoute la volonté du gouvernement de tailler dans les dépenses de l'Etat pour le logement, qui passerait notamment par un recentrage des dispositifs d'aide à l'accession à la propriété (prêt à taux zéro, PTZ) et de soutien à l'investissement locatif (Pinel) sur les zones urbaines tendues.

Si on évoque en contrepartie des mesures permettant d'abaisser les prix de production, comme la simplification des normes, l'encouragement à la libération du foncier ou la lutte contre les recours abusifs, "nul ne peut croire que leurs impacts de moyen terme compensent les effets immédiats d'une révision trop brutale des aides", fait valoir Jacques Chanut.

Le risque est, selon lui, le scénario de fin 2012, où "le rognage du PTZ" et l'introduction d'un dispositif de soutien à l'investissement locatif (Duflot) moins favorable que le précédent (Scellier) dans un marché qui commençait à faiblir ont "constitué l'étincelle déclenchant l'incendie qui a ravagé le marché jusqu'en 2014, puis conduit à des mesures correctrices".

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)