Le Parlement tunisien approuve une loi d'amnistie contestée

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La possible amnistie pour les corrompus sous ben ali fait debat[reuters.com]
(Crédits : Zoubeir Souissi)

TUNIS (Reuters) - Le Parlement tunisien a approuvé mercredi un projet de loi contesté dans la rue et par l'opposition qui octroie une amnistie aux responsables gouvernementaux accusés de corruption sous l'ancien régime de Zine Ben Ali.

Proposé en 2015 par le président Beji Caïd Essebsi, le texte a suscité de vives critiques, ce qui a retardé sa présentation devant la Chambre des députés.

Lors du débat parlementaire, des députés d'opposition ont chanté l'hymne national dans l'hémicycle en signe de protestation, provoquant une suspension de séance avant de quitter les lieux pour ne pas prendre part au vote.

A l'extérieur, des dizaines de manifestants s'étaient réunis pour protester eux aussi aux cris de "Cette loi ne passera pas".

Le projet initial a été amendé et l'amnistie prévue par la loi dite de "réconciliation économique" ne concerne plus par exemple les hommes d'affaires corrompus s'étant enrichis durant les vingt-quatre années passées au pouvoir par Zine Ben Ali jusqu'à sa chute en janvier 2011.

Mais ses détracteurs estiment qu'il s'agit d'un pas en arrière majeur par rapport aux acquis de la "Révolution de jasmin".

"Je vous félicite pour le retour de l'Etat dictatorial et la réconciliation avec les corrompus", a commenté le député d'opposition Ahmed Seddik, élu du Front populaire. "Les Tunisiens ne vous pardonneront pas", a-t-il ajouté.

Ammar Amroussia, un autre député de l'opposition, a dénoncé une loi qui, a-t-il dit, est un "stade avancé de la contre-révolution".

Les responsables gouvernementaux ont fait valoir qu'il était temps de tourner la page et prônent la réconciliation, comme ce fut le cas ailleurs sur le continent africain, dans l'Afrique du Sud post-apartheid ou au Rwanda après le génocide de 1994.

Les élus d'Ennahda et de Nidaa Tounès, favorables au projet, ont rejeté les "méthodes inacceptables" de l'opposition et son "rejet de la démocratie", selon les termes du député Sofiane Toubel, élu Nidaa Tounès.

(Tarek Amara; Gilles Trequesser pour le service français)