Pirelli pense lever jusqu'à 3,3 milliards d'euros lors de son IPO

reuters.com  |   |  593  mots

par Maria Pia Quaglia et Elisa Anzolin

MILAN (Reuters) - Le fabricant italien de pneumatiques Pirelli pense pouvoir lever jusqu'à 3,3 milliards d'euros lors de son retour en Bourse de Milan le mois prochain, dans le cadre d'une IPO qui lui donnera une valorisation moins élevée que ses projections initiales.

Pirelli a précisé dans un document remis jeudi qu'il allait émettre jusqu'à 350 millions d'actions dans une fourchette indicative de prix de 6,30 à 8,30 euros par titre, ce qui le valoriserait entre 6,3 et 8,3 milliards d'euros.

Ses propriétaires actuels, dont son actionnaire de contrôle China National Chemical (ChemChina), espéraient auparavant atteindre une valorisation de 9 milliards d'euros, ont dit des sources proches du dossier.

Pirelli pourrait émettre 50 millions de titres supplémentaires dans le cadre d'une option de surallocation. Si tel est le cas, la participation totale placée sur le marché s'élevera à 40% du capital.

L'offre publique de vente devrait intervenir au cours de la première moitié du mois d'octobre, la date du 4 octobre étant le plus souvent avancée pour la première cotation.

Selon des estimations publiées par Banca IMI, l'un des chefs de file de l'IPO, la fourchette de prix représente 11,3 à 14,9 fois le bénéfice 2018 estimé de Pirelli, un multiple supérieur à ceux des concurrents Michelin et Continental - de l'ordre de 11 - mais inférieur à celui du finlandais Nokian, dont les pneus d'hiver haut de gamme et la situation financière positive lui assurent un ratio élevé de 15,7.

Banca Imi estime que Pirelli vaut entre 7,6 et 8,7 milliards d'euros, avec une valeur d'entreprise allant jusqu'à 12 milliards en tenant compte de son endettement net de 3,36 milliards.

Pirelli, célèbre pour ses pneus de course, a une image positive et des produits premium mais sa valorisation est handicapée par son endettement représentant 3,1 fois son bénéfice d'exploitation 2017, juge Giacomo Tilotta, gérant chez AcomeA SGR, pour qui le groupe vaut entre 6,6 et 7,0 milliards d'euros.

Michelin avait un ratio d'endettement de 0,8 au premier semestre et Nokian n'a pas de dette, souligne-t-il.

"Je n'achèterai pas si la valorisation dépasse les 7 milliards", a renchéri un autre gérant, Angelo Meda, chez Banor SIM.

A 3,3 milliards d'euros, l'IPO serait la deuxième plus importante de l'année en Europe après celle d'Allied Irish Banks en juin, qui a permis de lever 3,4 milliards d'euros.

Selon une source proche du dossier, plus de 700 investisseurs potentiels en Europe, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ont manifesté de l'intérêt pour l'offre publique de vente, dont la promotion a été confiée à neuf banques italiennes et étrangères encadrées par Banca IMI, JP Morgan et Morgan Stanley en tant que coordinateurs globaux.

Le cinquième pneumaticien mondial a été retiré en 2015 de la Bourse de Milan - où il était coté depuis 1922 - à la suite d'une OPA obligatoire de plus de sept milliards d'euros lancée par Marco Polo, fonds d'investissement basé en Italie et contrôlé à 65% par ChemChina via une société luxembourgeoise.

Marco Tronchetti Provera, le patron de Pirelli, et les banques UniCredit et Intesa Sanpaolo détiennent 22% de Marco Polo via une société holding. Le reste du capital est aux mains du fonds d'investissement LTI, lié à la compagnie pétrolière russe Rosneft, qui sera tenue de garder ses titres pendant une période de "lock-up" de 180 jours.

ChemChina, un groupe public chinois, restera le principal actionnaire de Pirelli après l'IPO, avec une participation d'environ 40%.

(avec Simon Jessop et Francesca Landini; Bertrand Boucey et Véronique Tison pour le service français)