Rohani répond à Trump qu'il accuse de violer l'accord de 2015

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Iran: trump dit avoir pris sa decision sur l'accord de vienne[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

par Parisa Hafezi et Yara Bayoumy

NATIONS UNIES (Reuters) - Le président iranien, Hassan Rohani, a vivement critiqué mercredi les propos tenus par son homologue américain, Donald Trump, qui a selon lui violé l'accord conclu sur le programme nucléaire iranien il y a deux ans.

S'exprimant devant l'Assemblée générale de l'Onu, Hassan Rohani a promis que l'Iran ne serait pas le premier Etat à revenir sur les termes de l'accord signé en juillet 2015 et que le président américain menace de dénoncer.

"Je déclare devant vous que la République islamique d'Iran ne sera pas le premier pays à violer l'accord", a-t-il dit, assurant que Téhéran réagirait de façon "décisive et résolue" à toute violation du texte.

"Il serait dommage que cet accord soit bafoué par des voyous qui viennent d'arriver sur la scène internationale", a-t-il ajouté, reprenant le terme utilisé la veille à la même tribune par le président américain, qui a parlé d'Etat-voyou pour désigner l'Iran.

S'exprimant ensuite devant la presse, Hassan Rohani a dit ne pas penser que les Etats-Unis puissent décider de se soustraire aux termes de l'accord, en dépit des accents belliqueux de Donald Trump. Selon le dirigeant iranien, l'Etat qui prendrait une telle décision s'isolerait et se couvrirait de honte.

Les propos tenus par le président américain à la tribune de l'Onu, a jugé Hassan Rohani, sont une violation de l'accord sur le programme nucléaire iranien et Donald Trump devrait s'excuser de les avoir tenus.

"DÉCISION PRISE"

Donald Trump, qui conteste l'accord de longue date, a dit mercredi avoir pris sa décision sur l'avenir du compromis conclu en 2015 entre Téhéran et le groupe dit P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) sur la question du programme nucléaire iranien.

"J'ai décidé", a déclaré le président américain, s'adressant à la presse à New York, au lendemain de son virulent discours.

Donald Trump a laissé entendre qu'il pourrait ne pas certifier à la mi-octobre que l'Iran respecte sa part de l'accord, ce qui lui permettrait de le déclarer caduc. Dans ce cas, le Congrès disposerait de 60 jours pour rétablir les sanctions qui ont été levées après son entrée en vigueur.

Selon l'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, ces propos ne veulent pas forcément dire que les Etats-Unis vont se soustraire à l'accord. "Cela ne signifie pas clairement qu'il a l'intention de se retirer. C'est le signe clair qu'il est mécontent de l'accord", a-t-elle dit sur l'antenne de CBS.

Le chef de la diplomatie russe a quant à lui jugé le discours de Donald Trump "extrêmement inquiétant".

"Nous allons défendre ce document, ce consensus, qui a été accueilli avec soulagement par la communauté internationale tout entière et qui a réellement renforcé la sécurité, tant au niveau régional qu'international", a dit Sergueï Lavrov.

De son côté, Emmanuel Macron n'a pas souhaité dire si Donald Trump l'avait informé de sa décision. "Je ne répondrai pas à cette question", a déclaré le président français, s'adressant à la presse en anglais. "Nous devons garder l'accord de 2015 parce que c'est un bon accord".

Pour le chef de la diplomatie saoudienne, Téhéran n'en respecte pas les termes. "Nous comptons sur la communauté internationale pour faire le nécessaire afin que l'Iran s'y conforme", a ajouté Adel al Djoubeïr, s'adressant à la presse au siège des Nations unies.

Selon un membre de la délégation iranienne à l'Onu ayant requis l'anonymat, Téhéran pourrait relancer son programme si Donald Trump dénonce l'accord.

"L'Iran est prêt à tous les scénarios si Trump se retire de l'accord. Cela inclut la reprise immédiate des travaux nucléaires interrompus dans le cadre de l'accord", a-t-il dit.

(Avec Susan Heavey à Washington, Jean-Philippe Lefief et Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)