Le bâtiment salue le plan Logement, pas les bailleurs HLM

reuters.com  |   |  729  mots

par Danielle Rouquié

PARIS (Reuters) - La réforme immobilière annoncée mercredi par le gouvernement pour créer plus de logements à un moindre coût, pour les particuliers et pour l'Etat, suscite la satisfaction des professionnels du bâtiment mais des grincements de dents dans le secteur des HLM, fortement mis à contribution.

Pour créer ce que le gouvernement appelle un "choc de l'offre" et augmenter le nombre de logements mis sur le marché, des mesures fiscales vont être instaurées ou maintenues pour inciter les propriétaires de terrains à vendre dans les zones dites "tendues".

Un important abattement fiscal sur les plus-values réalisées sur les cessions immobilières avant 2020 est notamment annoncé.

Le dispositif "Pinel" d'incitation à l'investissement locatif et le prêt à taux zéro (PTZ) pour les particuliers les moins fortunés seront maintenus pendant quatre années, là encore dans les zones tendues.

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) se dit ravie. "Le gouvernement affiche sa volonté de traiter tous les segments du marché, depuis l'hébergement d'urgence jusqu'au logement libre en passant par le logement social et le logement intermédiaire. C'est une approche originale qui pourrait faciliter l'accès au logement pour tous", déclare la FPI.

"Il s'agit de vraies avancées sur des sujets importants", renchérit Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) et d'Action logement, organisme qui gère un million de logements au titre du "1%".

"Cela peut effectivement pousser à la vente de terrains d'ici 2020. Lorsqu'il y a plus de terrain à vendre et moins de fiscalité, on peut imaginer que les prix soient modérés", assure-t-il.

REGRETS DES PROMOTEURS SUR LE PTZ

La FFB déplore en revanche que les prêts à taux zéro ne soient maintenus que dans les zones tendues et qu'ils s'arrêtent au 31 décembre dans les zones rurales, c'est-à-dire l'essentiel du territoire français.

"C'est un contresens politique par rapport au discours sur la fracture territoriale et pas une bonne nouvelle pour les artisans qui vivent dans ces régions", commente Jacques Chanut, qui estime que les bénéficiaires du PTZ, souvent des jeunes, pourraient être poussés à déménager pour habiter en zone tendue et rester bénéficiaires de ce prêt favorable.

De même, l'effort demandé aux organismes HLM de baisser leurs loyers, pour que l'Etat puisse économiser d'autant les subventions accordées sous forme d'aide au logement est très mal accueillie par les bailleurs sociaux.

L'économie souhaitée par l'Etat - un chiffre de 1,4 milliard d'euros a été avancé lors de la présentation du plan mercredi par le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, Julien Denormandie - est contesté par les représentants du secteur. Les tractations entre les organismes HLM et le gouvernement sont d'ailleurs toujours en cours.

"C'est extrêmement grave. C'est même dramatique", commente Frédéric Paul, délégué général de l'Union sociale pour l'habitat, l'organisme qui négocie avec l'Etat au nom du secteur.

"MENSONGE"

Il confirme le chiffre d'une baisse de 50 euros par mois des loyers demandée par le gouvernement (d'où le chiffre de 1,4 milliard d'euros) par an, mais estime que cette économie n'est pas réalisable, même avec les contreparties promises par le gouvernement, notamment la stabilisation du taux d'intérêt du Livret A qui sert à financer le logement social.

L'Union sociale pour l'habitat ne pense pas pouvoir non plus accélérer la vente de logements sociaux à leurs locataires comme le lui demande le gouvernement, qui dit souhaiter que 40.000 logements sociaux soient cédés chaque année à leurs propriétaires contre 10.000 actuellement. Le gouvernement et certains professionnels estiment qu'un logement vendu permet un apport en fond propres permettant de financer trois logements.

"Nous pensons doubler la vente qui est de 8.000 par an et monter à 15.000 par an, mais pas à 40.000. C'est un mensonge", dit Frédéric Paul à propos de ce dernier chiffre.

Il estime qu'une partie importante du parc social ne trouvera pas preneur parce qu'elle se situe dans les quartiers sensibles.

"Toute cette politique va porter une diminution de la production qui est exactement le contraire du choc de l'offre que nous promet le président de la République", dit-il.

(Edité par Yves clarisse)