L'accord de 2015 sur le nucléaire iranien n'est pas suffisant, estime Macron

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L'accord de 2015 sur le nucleaire iranien n'est pas suffisant, estime macron[reuters.com]
(Crédits : Shannon Stapleton)

par John Irish

NEW YORK (Reuters) - L'accord conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien n'est pas suffisant compte tenu de l'évolution de la situation dans la région et de l'activité accrue de l'Iran sur le plan balistique, a estimé mercredi soir Emmanuel Macron.

"Cet accord est il suffisant? Non", a déclaré le chef de l'Etat français à des journalistes à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. "Il ne l'est pas compte tenu de l'évolution de la situation régionale, de la pression croissante que l'Iran exerce dans la région et compte tenu de l'activité depuis l'accord accrue de l'Iran sur le plan balistique."

Pour autant, rayer cet accord, qualifié à l'époque d'"historique", serait une erreur, a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat français a dit vouloir discuter d'éventuelles sanctions contre le programme de missiles balistiques iranien et ouvrir immédiatement des négociations pour définir l'après 2025, date de la levée de certaines restrictions contenues dans l'accord.

"Disons-nous les choses en vérité, les tensions sont croissantes. Je regarde l'activité du Hezbollah d'une part et la pression de l'Iran sur la Syrie d'autre part et sur ces sujets nous avons besoin d'avoir un cadre clair et de pouvoir rassurer les pays de la région comme les États-Unis d'Amérique."

Le président américain a multiplié les critiques depuis son arrivée à la Maison blanche en janvier contre ce qu'il considère être l'un des "pires accords jamais conclus" et menace de ne pas "certifier" que l'Iran tient ses engagements, devant le Congrès le 15 octobre prochain.

Macron a indiqué n'avoir pas abandonné l'idée de faire changer d'avis Donald Trump sur ce dossier.

Le président français a estimé avoir tout du moins convaincu son homologue américain de laisser la France et les Nations unies jouer un rôle de médiateur entre Téhéran et Washington dans le dossier syrien, où l'Iran soutient le régime de Bachar al Assad.

NÉGOCIATIONS SUR LA SYRIE

"Ce que j'ai donc proposé c'est que nous puissions amorcer le travail du groupe de contact au niveau du P5 (Royaume-Uni, Chine, Allemagne, France, Russie), ce qui a été fait, (...) que nous puissions l'élargir à la représentation de toutes les forces politique syriennes et aux puissances de la région, hors Iran", a-t-il déclaré.

Le président français a souhaité que "le secrétaire général de l'Onu et la France puissent avoir ce rôle de médiateur vis-à-vis de l'Iran pour que nous ayons une négociation en parallèle mais qui permette d'inclure l'Iran dans ce processus".

Les ministres des Affaires étrangères du groupe P5 se réuniront jeudi matin à l'Onu pour discuter de leur rôle.

La dernière grande tentative internationale de médiation du conflit syrien a échoué en 2016, avec l'effondrement du Groupe international de soutien à la Syrie, qui incluait l'Iran, après la reprise d'Alep aux rebelles par les forces gouvernementales.

La Russie, la Turquie et l'Iran tiennent des négociations distinctes avec la Syrie depuis plusieurs mois à Astana, au Kazakhstan, en vue de désamorcer le conflit en créant des zones de désescalade, mais sans aborder de solution politique à long terme.

L'initiative française propose quant à elle de reprendre les négociations sous l'égide de l'Onu à Genève et de persévérer dans la mise en oeuvre du projet existant des Nations unies.

"Aujourd'hui le processus de Genève est à l'arrêt, il n'y a que le processus d'Astana qui conduira immanquablement et qui a déjà conduit à des tensions entre les participants puisque c'est un processus de partition, mécaniquement, de la Syrie", a estimé Emmanuel Macron.

(John Irish, avec Marine Pennetier à Paris, Julie Carriat pour le service français)