La Banque du Japon maintient sa politique, dissension au conseil

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La banque du japon maintient sa politique, dissension au conseil[reuters.com]
(Crédits : Toru Hanai)

par Leika Kihara et Stanley White

TOKYO (Reuters) - La Banque du Japon (BoJ) a gardé jeudi inchangée sa politique monétaire et maintenu des perspectives économiques optimistes, signalant son assurance qu'une reprise économique robuste permettra une accélération progressive de l'inflation vers son objectif de 2%, sans nouvelle mesure de soutien monétaire.

Un des deux nouveaux membres du conseil de la BoJ, Goushi Kataoka, a cependant surpris les investisseurs en s'opposant au maintien des objectifs de taux de la banque centrale. Il juge la politique monétaire actuelle insuffisante pour conduire l'économie à une inflation de 2% dès l'exercice fiscal 2019.

Le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, a écarté l'idée que des dissensions au sein du conseil de politique monétaire puissent entraîner de nouveaux délais dans le retrait graduel des mesures d'assouplissement monétaire.

Il a déclaré qu'il ne voyait aucun problème à ce qu'un des membres du conseil soit en désaccord sur la politique menée et il a souligné que la BoJ restait déterminée à maintenir voire à augmenter son programme de stimulation massive de l'économie.

"Les mouvements des prix restent faibles et il y a encore une certaine distance avant d'atteindre notre objectif d'inflation. La BoJ continuera son assouplissement monétaire puissant pour atteindre 2% d'inflation le plus tôt possible", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Nous prendrons de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire si nécessaire."

Comme anticipé, la BoJ a maintenu son objectif de taux à court terme en territoire négatif (-0,1%) et laissé inchangée sa promesse de piloter le taux de rendement des obligations à dix ans autour de zéro grâce à des rachats d'actifs.

L'institut d'émission a également confirmé son engagement souple d'augmenter son portefeuille d'obligations à un rythme de 80.000 milliards de yens par an (597 milliards d'euros) alors même que la Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi son intention de commencer en octobre à réduire la taille de son bilan.

La décision a été prise à huit voix contre une à l'issue d'une réunion de politique monétaire de deux jours.

DIVERGENCE "NATURELLE" AVEC LA FED

Kataoka a fait part de son pessimisme quant à la certitude qu'éprouve la BoJ d'atteindre un taux d'inflation à 2%.

"Au vu des excédents de capacités qui demeurent sur le marché du travail et en termes de stock de capital, les effets d'assouplissement monétaire obtenus via la forme actuelle de la courbe des taux ne sont pas suffisants pour atteindre l'objectif de 2% à l'horizon de l'exercice budgétaire 2019", comme le prévoit la BoJ, a déclaré Katakoa, cité dans le communiqué annonçant la décision de la banque centrale.

Il n'a pas proposé de baisser les taux d'intérêt mais a estimé qu'il était peu probable que l'inflation accélère vers les 2% à partir de l'année prochaine, ce qui souligne la nécessité de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire.

"Katakoa est seul pour l'instant et il n'a pas proposé un assouplissement supplémentaire. La question est de savoir si d'autres membres du comité (de politique monétaire) se rangeront à ses côtés", a dit Hiroshi Miyazaki, économiste chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.

La décision de la BoJ est intervenue quelques heures seulement après celle de la Réserve fédérale américaine de maintenir inchangés ses taux directeurs tout en annonçant son intention de les relever une nouvelle fois avant la fin de l'année, ce qui a contribué à raffermir le dollar qui a atteint un plus haut de deux mois contre le yen.

Kuroda a dit qu'il était "naturel" que les trajectoires des politiques monétaires puissent diverger puisque les anticipations d'inflation ne sont pas ancréds à 2% au Japon alors qu'elles se rapprochent de ce niveau aux Etats-Unis et en zone euro.

Il a éludé les questions sur la possibilité de la convocation d'élections législatives anticipées au Japon par le Premier ministre Shinzo Abe et les conséquences qu'une telle initiative pourrait avoir sur la politique monétaire.

Tout en soulignant que la politique budgétaire est de la responsabilité du gouvernement, Kuroda a redit que l'assainissement budgétaire en était l'aspect le plus important.

"La discipline budgétaire peut affecter la confiance des marchés dans les emprunts d'Etat japonais", a-t-il dit. "Théoriquement, il y a un risque que les taux d'intérêt montent si la confiance dans le marché des emprunts d'Etat japonais s'érode", a-t-il prévenu.

(avec Tetsushi Kajimoto et Minami Funakoshi, Julie Carriat, Juliette Rouillon et Marc Joanny pour le service français)