Corée du Nord : Trump annonce un alourdissement des sanctions

reuters.com  |   |  878  mots
Coree du nord: trump annonce un alourdissement des sanctions[reuters.com]
(Crédits : Kcna Kcna)

par Steve Holland et David Brunnstrom

NEW YORK (Reuters) - Donald Trump a annoncé jeudi avoir signé un décret ouvrant la voie à un alourdissement des sanctions américaines imposées à la Corée du Nord pour l'amener à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.

Le président américain n'a toutefois pas sanctionné le principal partenaire commercial de Pyongyang, la Chine, et il a qualifié de "formidable" la décision de la banque centrale chinoise d'ordonner aux banques nationales de ne plus effectuer de transaction avec la Corée du Nord.

Les nouvelles sanctions américaines dévoilées jeudi montrent que Donald Trump accorde davantage de temps aux pressions diplomatiques et économiques après avoir menacé de "détruire totalement" la Corée du Nord lors de son premier discours aux Nations unies mardi.

Avant de déjeuner avec les Premier ministre japonais Shinzo Abe et président sud-coréen Moon Jae-in, le président américain a répondu : "Pourquoi pas ?" à la question de savoir si la diplomatie avait encore sa place dans cette crise.

Donald Trump a signé un décret qui, a-t-il dit, "étend de manière significative (son) autorité pour cibler des individus, des entreprises, des institutions financières qui financent et facilitent le commerce avec la Corée du Nord".

"Notre décret va tarir les sources financières qui alimentent les efforts nord-coréens pour produire les armes les plus meurtrières de l'histoire de l'humanité", a déclaré le président américain.

L'UE PRÉPARE SES PROPRES SANCTIONS

Le département du Trésor est désormais habilité à sanctionner ceux qui effectuent "un commerce important de biens, de services ou de technologie avec la Corée du Nord".

Donald Trump n'a pas mentionné le secteur pétrolier.

Les nouvelles sanctions concerneront entre autres l'énergie, le secteur médical, le textile et les transports et le Trésor pourra sanctionner quiconque possède, contrôle ou exploite un port d'entrée en Corée du Nord, a précisé par la suite la Maison blanche.

Lors d'une conférence de presse, le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin, a déclaré que les banques ayant des activités en Corée du Nord ne seraient plus autorisées à opérer aux Etats-Unis. Aucune sanction ne sera rétroactive, a-t-il dit.

L'Union européenne prépare également de nouvelles sanctions.

Les ambassadeurs des Etats membres (Comité politique et sécurité) se sont entendus jeudi "sur un ensemble de nouvelles mesures autonomes", a dit un haut responsable européen. De source diplomatique, on précise qu'autour de huit responsables nord-coréens seront ajoutés à la liste des sanctions de l'UE.

La décision n'est pas définitive mais sera probablement adoptée par les ministres européens des Affaires étrangères lors de leur prochaine réunion ordinaire le 16 octobre.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 11 septembre dernier à l'unanimité un neuvième train de sanctions contre la Corée du Nord en réaction à l'essai nucléaire mené par Pyongyang le 3 septembre.

MAUVAIS CALCUL

Face aux Quinze, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a estimé jeudi que la Corée du Nord faisait un mauvais calcul en croyant que l'arme nucléaire la mettait à l'abri.

"La Corée du Nord s'imagine peut-être que les armes nucléaires garantiront la survie du régime. En vérité, les armes nucléaires ne feront que conduire le régime à un plus grand isolement, une plus grande ignominie et de plus grandes privations", a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

Devant l'Assemblée générale de l'Onu, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a invité la Corée du Nord à ne pas s'entêter dans une "dangereuse direction", ajoutant que la négociation était le seul moyen de sortir de la crise.

Le président sud-coréen, qui s'est exprimé lui aussi devant l'Assemblée générale de l'Onu, a rappelé l'importance des sanctions, tout en assurant que Séoul ne cherchait pas à mettre la Corée du Nord à genou.

"Tous nos efforts ont pour but d'éviter qu'une guerre n'éclate et de préserver la paix", a souligné Moon Jae-in. La question nucléaire, a-t-il poursuivi, "doit être gérée de façon stable pour éviter que les tensions ne s'aggravent démesurément et qu'un accident militaire ne fasse voler la paix en éclats".

"Nous ne chercherons pas l'unification par l'absorption ou par des moyens artificiels. Si la Corée du Nord décide aujourd'hui de passer du bon côté de l'histoire, nous sommes prêts à l'y aider avec l'appui de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

La Corée du Sud a donné son feu vert jeudi à l'envoi d'une aide humanitaire de huit millions de dollars (6,7 millions d'euros) au Nord.

Réagissant aux menaces de Donald Trump, le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Yong-ho, a déclaré: "Un proverbe dit: 'Le chien aboie, la caravane passe'. Si (Trump) pensait nous surprendre avec des aboiements, il est clairement en train de rêver."

(Avec Susan Heavey et Stephanie Nebehay, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)