Les banques centrales confrontées au "piège de la dette"

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Les banques centrales confrontees au piege de la dette[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

par Marc Jones

LONDRES (Reuters) - Les banques centrales risquent de tomber dans un "piège de la dette" les empêchant de prendre des mesures de normalisation de leur politique monétaire par crainte de provoquer des défauts d'émetteurs ou des turbulences sur les marchés, a prévenu vendredi un responsable de la Banque des règlements internationaux (BRI).

Pour Claudio Borio, chef du Département monétaire et économique de la BRI, le temps est sans doute venu que les banques centrales se préoccupent moins de l'inflation et un peu plus de la stabilité financière.

Le bas niveau des taux d'intérêt maintenu par les banques centrales via leurs vastes programmes d'achats d'actifs destinés à relancer l'inflation se traduit par un endettement record.

Les banques centrales font en retour preuve d'une certaine nervosité à l'idée de relever leurs taux directeurs en raison des risques pour la solvabilité des emprunteurs et la stabilité des marchés financiers, un effet boomerang que les manuels d'économie désignent sous le terme de "piège de la dette".

"Au minimum, cela suggère d'allonger l'horizon temporel sur lequel il serait souhaitable de ramener l'inflation vers l'objectif" des banques centrales, a déclaré Claudio Borio dans un discours prononcé à Londres.

"Il serait souhaitable d'utiliser la marge de manoeuvre additionnelle pour s'attaquer au cycle financier de manière plus systématique", a-t-il ajouté.

"Cela pourrait améliorer la performance macroéconomique d'ensemble et réduire le risque de 'piège de la dette' (...) Un piège peut se mettre en place si la politique (monétaire) est à court de munitions et qu'il devient plus difficile de remonter les taux", a prévenu Claudio Borio en précisant que ses propos étaient volontairement provoquants.

"Nous devons ajuster les cadres des politiques monétaires", a-t-il poursuivi, en soulignant "le caractère souhaitable d'une plus grande tolérance à des déviations de l'inflation par rapport aux objectifs tout en renforçant le poids accordé à la stabilité financière".

L'inflation peine à se redresser dans la plupart des grands pays développés, en dépit des politiques ultra-accommodantes de leur banque centrale.

Pour Claudio Borio, les économistes ne devraient pas surestimer la capacité des banques centrales à piloter finement l'inflation, surtout dans l'environnement actuel où les nouvelles technologies, les nouvelles formes d'emploi et la globalisation peuvent limiter l'impact de leur politique sur les prix.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Bertrand Boucey)