Vote au Kurdistan syrien pour asseoir l'autonomie de la région

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Vote au kurdistan syrien pour asseoir l'autonomie de la region[reuters.com]
(Crédits : Rodi Said)

par Rodi Said

KAMISHLI, Syrie (Reuters) - Les habitants du Kurdistan syrien ont entamé vendredi un processus électoral visant à la mise en place d'un système de gouvernement fédéral dans cette région autonome de Syrie.

Les électeurs étaient invités aux urnes pour désigner les dirigeants de 3.700 communautés ou "communes". Suivra en novembre l'élection de conseils locaux puis en janvier celle d'une assemblée régionale, sorte de parlement.

A la différence des Kurdes en Irak, où devrait se tenir lundi un référendum d'autodétermination [nL5N1M329Y], il n'est pas question côté syrien de viser l'indépendance.

La structure politique envisagée s'inspire des idées d'Abdullah Öcalan, l'ancien chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui purge une peine de prison à vie en Turquie.

L'autonomie du Kurdistan syrien, en vigueur depuis 2011, inquiète déjà fortement la Turquie.

Ankara considère en effet le Parti de l'union démocratique (PYD), qui administre la région, et son bras armé, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du PKK.

Le PKK, en lutte depuis plus de trente ans contre le pouvoir turc, est lui-même considéré par la Turquie, et les Etats-Unis, comme une organisation terroriste.

PREMIER VOTE

Le régime du président Bachar al Assad tolère le contrôle kurde sur certaines parties du pays mais s'oppose au système fédéral décentralisé défendu par le PYD et dit que les conseils mis en place par les Kurdes sont des "structures provisoires".

Il s'oppose toutefois au processus électoral ouvert vendredi et promet de rétablir le contrôle de Damas sur l'intégralité du territoire. Les dirigeants du PYD préviennent que toute velléité de Damas dans ce sens se heurtera à la résistance des Kurdes.

Pour nombre de Kurdes syriens vendredi était une journée historique.

"Les gens vont pouvoir choisir leur mode de vie, leurs institutions politiques et économiques", estimait Renas Ahmed, un jeune homme de 25 ans qui s'apprêtait à voter à Kamishli.

Mohammad Mourad Khali, la cinquantaine avancée, votait pour la première fois de sa vie. "J'ai vécu toutes ces années sans nationalité. On n'avait aucun droit, mais ça a changé, ils ne peuvent plus nous opprimer, on a une armée, on a tout, Dieu merci, avec les YPG et les YPJ (les milices féminines)."

Les miliciens kurdes des YPG ont assumé un rôle grandissant en Syrie dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique. Ils contrôleraient désormais un quart du territoire.

Les YPG représentent la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde soutenue militairement et politiquement par les Etats-Unis.

Washington a néanmoins exprimé l'an dernier son opposition à l'existence de régions autonomes en Syrie et dénonce, de même, le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien.

(Gilles Trequesser pour le service français)