Trois jours après Florence, les négociateurs du Brexit se retrouvent à Bruxelles

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Apres florence, les negociateurs du brexit se retrouvent a bruxelles[reuters.com]
(Crédits : Pool)

par Alastair Macdonald

BRUXELLES (Reuters) - Les négociateurs britanniques et européens se retrouvent lundi à Bruxelles, trois jours après le discours de Theresa May à Florence où elle a tenté de débloquer les discussions en se prononçant pour une période de transition d'environ deux ans après le divorce, programmé pour mars 2019, et en s'efforçant de rassurer les Européens sur le respect des engagements budgétaires de Londres.

David Davis, le ministre britannique du Brexit, se retrouvera pour la quatrième fois face à Michel Barnier, le chef de l'équipe des négociateurs de l'UE, qui devrait lui demander en premier lieu des précisions sur le montant du chèque que Londres est disposé à signer en règlement de ses engagements budgétaires européens.

"Le Royaume-Uni reconnaît qu'aucun pays européen ne devrait payer plus ou recevoir moins en raison du Brexit. Nous sommes prêts à discuter des implications concrètes de cet engagement. Nous devons vérifier (...) si cette assurance couvre tous les engagements pris par le Royaume-Uni en tant qu'Etat membre de l'Union", a souligné l'ancien commissaire européen dans sa réaction au discours de Florence.

A défaut de "progrès significatifs" sur cette question et sur les autres principaux points de friction dans les négociations sur les modalités du divorce - Irlande et droits des ressortissants européens au Royaume-Uni -, a-t-il dit, les dirigeants européens refuseront d'ouvrir les discussions sur le deuxième axe de la négociation, à savoir la forme que prendra la future relation entre le Royaume-Uni et l'UE.

"Notre ambition est de trouver rapidement un accord sur les conditions d'un retrait ordonné du Royaume-Uni (ndlr, les modalités du divorce) ainsi que sur une éventuelle période de transition", a-t-il insisté.

BREXIT "SOFT"

Le discours de May à Florence, haut lieu de la Renaissance italienne, visait à débloquer les négociations du divorce, officiellement lancées en juin dernier, et à démontrer l'unité de son gouvernement.

Sur ce dernier point, la Première ministre conservatrice, mise à mal par la perte de sa majorité absolue aux législatives anticipées du 8 juin dernier, s'est ralliée à l'option d'une période de transition d'environ deux ans au cours de laquelle les règles européennes continueront de s'appliquer.

Ce Brexit "soft" était défendu notamment par son ministre des Finances, Philip Hammond, soucieux d'éviter un "saut dans le vide" au lendemain de l'officialisation du divorce, une perspective qui inquiétait les entreprises britanniques et aussi les expatriés de part et d'autre de la Manche, à commencer par les trois millions d'Européens vivant au Royaume-Uni.

Mais c'est une pilule difficile à avaler pour les partisans d'un Brexit "hard", comme Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères. Le Sunday Telegraph rapporte dimanche que le secrétaire Foreign Office est prêt à ouvrir un nouveau front en s'opposant, au cours de cette période de transition, à toute transposition de nouvelles règles européennes.

"Boris sera l'un de ces ministres du gouvernement qui feront pression pour s'assurer qu'aucune nouvelle règle et réglementation européenne ne s'appliquera à nous durant la transition", affirme une source gouvernemental cité par le Telegraph.

DROIT EUROPÉEN

A Florence, Theresa May a dit souhaiter que le Royaume-Uni et l'UE commencent l'après-divorce avec des règles identiques puis mettent en oeuvre "une approche pragmatique qui nous permette de continuer à oeuvrer ensemble à apporter une prospérité partagée à nos peuples".

Elle n'a pas évoqué précisément ce qu'il adviendrait de nouvelles règles européennes qui seraient édictées après le divorce de mars 2019 et avant la fin de la période de transition.

Mais elle a indiqué que les tribunaux britanniques devraient pouvoir prendre en compte les arrêts de la Cour européenne de justice.

Invité dimanche matin sur la BBC, David Davis a expliqué que les règles en vigueur au Royaume-Uni seraient initialement les mêmes que les règles européennes avant de diverger progressivement.

La Première ministre britannique s'entretiendra mardi à Londres avec Donald Tusk, le président du Conseil européen, puis sera présente jeudi soir en Estonie pour un dîner de travail avec les 27 dirigeants de l'UE. Davis et Barnier devraient alors avoir bouclé leur nouveau round de négociations.

(avec Jan Strupcewski et Robert-Jan Bartunek à Bruxelles et William James à Londres; Henri-Pierre André pour le service français)