La France réclame un plan européen de sortie du glyphosate

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La france reclame un plan europeen de sortie du glyphosate[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a annoncé lundi qu'il souhaitait "un plan de sortie du glyphosate" qui lui permettrait de parvenir à une interdiction en France de cet herbicide controversé que les agriculteurs veulent pouvoir continuer à utiliser.

La Commission européenne a fait connaître son souhait de prolonger l'autorisation ce produit présent notamment dans le Roundup, un désherbant du groupe américain Monsanto, dans les pays de l'UE pour une nouvelle période de dix ans.

La France a annoncé cet été qu'elle voterait contre cette proposition, conformément à un engagement d'Emmanuel Macron.

"C'est une durée trop longue, compte tenu des incertitudes qui subsistent sur ce produit", indique le Premier ministre Edouard Philippe dans un communiqué.

Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Stéphane Travert a déclaré vendredi sur RTL que la France, tout en ayant dit qu'elle était contre une prolongation de dix ans, était prête à transiger sur "un délai plus court de cinq à sept ans".

Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a expliqué lundi sur BFM TV que l'ambition était d'interdire le glyphosate d'ici la fin du quinquennat, à la mi-2022.

Mais dans l'entourage du gouvernement, on indique lundi matin que la France ne souhaite pas fixer de date, évoquant "une période de transition raisonnable". Fixer un délai précis, "c'est mettre la charrue avant les boeufs", souligne-t-on.

"Le gouvernement réaffirme son engagement d'obtenir avant la fin du quinquennat des progrès significatifs vers l'interdiction de l'usage des substances dangereuses et vers une agriculture moins dépendante aux pesticides", ajoute le gouvernement.

Christophe Castaner a précisé que pour atteindre cet objectif, le gouvernement entendait "investir massivement" pour "donner les moyens aux agriculteurs et aux scientifiques de trouver des produits de substitution au glyphosate". Il a cité un montant global de cinq milliards d'euros "pour la modernisation de nos pratiques agricoles sur le quinquennat".

"DISTORSION INTENABLE"

La FNSEA, principal syndicat patronal agricole, reçue lundi matin par le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, a déclaré son opposition à une interdiction de principe dans le cas où la prorogation sur dix ans serait finalement décidée à Bruxelles. Ce sera le cas si la CE recueille le soutien de 16 des 28 Etats membres, représentant au moins 65% de la population de l'UE.

Le vote des experts européens, prévu pour octobre, a été repoussé d'au moins un mois, dit-on de source européenne.

"Nous avons dit à Nicolas Hulot que si la Commission européenne dit oui, il est hors de question que la France impose des règles plus strictes (...) Ce serait une distorsion intenable pour les agriculteurs", a déclaré Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA.

Environ 300 agriculteurs se sont rassemblés vendredi dernier sur les Champs-Elysées à Paris pour exiger le maintien de l'autorisation du glyphosate.

Le Premier ministre rappelle dans son communiqué que pour les usages non agricoles, le produit est déjà interdit en France pour les collectivités dans les espaces ouverts au public depuis le 1er janvier dernier et qu'il est déjà prévu une interdiction pour les usages non agricoles des particuliers à partir du 1er janvier 2019.

"Pour les autres usages, et notamment l'usage agricole, le Premier ministre a demandé au ministère de l'Agriculture (...) et au ministère de la Transition écologique (...) de lui présenter, avant la fin de l'année (...), les conditions d'un plan de sortie du glyphosate, compte tenu de l'état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs", lit-on dans le communiqué de Matignon.

"S'il n'y a pas d'alternative et pas de solutions de sortie, il ne peut pas y avoir d'interdiction, c'est ce que je lis dans le communiqué", a déclaré la présidente de la FNSEA. "Ça veut dire que Matignon commence à mesurer qu'une interdiction sèche serait impossible à appliquer en France."

(Danielle Rouquié et Sybille de la Hamaide pour le service français, édité par Yves Clarisse)