Le PLF 2018, un test de crédibilité pour le gouvernement

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Le plf 2018, un test de credibilite pour le gouvernement[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français passe un test de crédibilité avec la présentation mercredi d'un projet de loi de finances 2018 aux allures de casse-tête : comment concilier le respect des promesses électorales d'Emmanuel Macron avec la nécessité de réduire les déficits sans alimenter les mécontentements ?

A l'inverse du début du quinquennat de François Hollande en 2012, il peut s'appuyer sur un environnement économique plus favorable, qui l'a amené à revoir en hausse pour la deuxième fois sa projection de croissance du PIB pour 2017, à 1,7%, et à confirmer le même niveau pour 2018.

Avec une activité qui génère des rentrées fiscales un peu plus fortes que prévu, il a pu également réviser ses prévisions de déficit public, à 2,9% du PIB cette année (après 3,4% en 2016), puis 2,6% l'an prochain, soit 0,1 point de moins dans les deux cas qu'il ne l'anticipait au début de l'été et de quoi honorer les engagements pris envers ses partenaires européens.

Avec deux années sous la barre des 3,0%, un niveau qu'elle n'a pas connu depuis 2007, la France sortirait de la procédure européenne de déficit public excessif, un objectif majeur au moment où elle promeut l'idée d'un renforcement de l'Union économique et monétaire.

"Si la France veut convaincre l'Allemagne d'aller vers une plus grande intégration européenne, le président Macron se doit de montrer que la France tient ses engagements", écrivaient les économistes de la Société générale dans une note récente.

L'exercice n'est pas évident sur le papier car l'exécutif devra y parvenir en baissant parallèlement les prélèvements de dix milliards d'euros, une promesse du chef de l'Etat qu'il avait envisagé un temps de reporter, s'attirant rapidement des critiques, avant de confirmer sa mise en oeuvre dès 2018.

Cette baisse intègrera une réforme de l'impôt sur la fortune, recentré sur le patrimoine immobilier, et la mise en place d'un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital jusqu'ici soumis au barème de l'impôt sur le revenu.

16 MILLIARDS D'ÉCONOMIES

Accusé par l'opposition de favoriser les riches, le gouvernement souligne la nécessité d'une fiscalité plus favorable au financement de l'économie réelle.

Il fait valoir aussi les mesures favorables, selon lui, au pouvoir d'achat, comme la suppression des cotisations d'assurances chômage et maladie des salariés, même si elle sera compensée par une hausse de 1,7 point de la CSG (contribution sociale généralisée), et de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, dont la première étape interviendra en 2018.

Quant aux plus modestes, ils bénéficieront de hausses programmées des minima sociaux (vieillesse, allocation adulte handicapé et prime d'activité).

Pour absorber l'ensemble, seize milliards d'euros d'économies publiques sont annoncées, quatre milliards de moins que prévu initialement grâce à la croissance plus favorable.

Plus de cinq milliards devraient provenir de l'assurance maladie, 2,6 milliards de collectivités locales et les principales interrogations à ce stade concernent l'effort de l'Etat, d'autant plus que plusieurs ministères, dont la Défense, l'Education nationale et la Transition écologique ont déjà annoncé une hausse de leurs budgets.

Trois secteurs, le logement, les transports et l'emploi, concentreront les économies mais les montants évoqués jusqu'à présent sont loin de faire le compte.

Favorable au programme de réformes annoncé par le gouvernement, le Fonds monétaire international (FMI) vient d'estimer que le projet de loi de finances 2018 devrait identifier des baisses "significatives" de dépenses, à mettre en oeuvre rapidement, pour assurer le succès de ses ambitions

Autre problème à gérer dans l'immédiat, la baisse prévue du déficit sera pour l'essentiel de nature conjoncturelle, l'impact des réformes structurelles, comme le recentrage de l'Etat sur ses principales missions qui sera discuté à partir de 2018, ne devant intervenir qu'en fin de quinquennat.

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)