par Madeline Chambers

BERLIN (Reuters) - Alors que les conservateurs allemands sont tombés à leur plus bas niveau électoral depuis 1949, la CSU, alliée bavaroise des chrétiens-démocrates, pourrait devenir un problème pour Angela Merkel appelée à un quatrième mandat consécutif.

Traditionnellement plus conservatrice que la CDU, la CSU voit se profiler avec inquiétude les élections régionales prévues l'an prochain en Bavière et craint de perdre à nouveau des électeurs au profit d'Alternative für Deutschland (AfD), formation d'extrême droite qui a réussi une forte percée dimanche.

Les électeurs allemands ont, semble-t-il, voulu sanctionner Angela Merkel pour sa politique d'accueil de près d'un million de migrants en 2015.

L'AfD, islamophobe et europhobe, a progressé de près de huit points (12,6%) par rapport aux élections générales de 2013, obtenant 94 représentants au Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.

La CSU est, elle, passée de 7,4% à 6,2% au plan fédéral et la prochaine échéance électorale devrait l'inciter à radicaliser son discours, notamment en plaidant un pour un nombre limité de migrants.

Horst Seehofer, le patron de la formation bavaroise, a promis d'avoir une attitude responsable quant à la constitution d'une coalition de gouvernement tout en insistant sur la nécessité de tenir compte des préoccupations des électeurs.

"Nous devons clairement indiquer aux électeurs que nous comprenons que poursuivre dans la même voie ne serait pas une bonne chose", a commenté Seehofer, qui a toujours été une épine dans la chaussure d'Angela Merkel.

DES RÉGIONALES EN 2018

"L'opinion attend des politiques une réaction qui porte sur l'immigration, les questions de sécurité et l'ensemble du spectre social", a-t-il ajouté.

"La CSU a donné aux électeurs des garanties et l'une d'elles est un quota de réfugiés. Nous devons limiter l'immigration", a déclaré pour sa part le secrétaire général de la CSU, Andreas Scheuer, au quotidien Passauer Neue Presse.

La Bavière était le principal point d'entrée des migrants en Allemagne lors de la crise de 2015 et la CSU souhaite imposer une limite à 200.000 nouveaux arrivants par an. Angela Merkel a toujours été opposée à l'idée d'un quota.

De nombreux parlementaires de la CSU s'inquiètent pour leur siège lors des élections de l'an prochain dans une région que cette formation a dirigé constamment depuis 1945, sauf pendant une brève parenthèse de trois années.

L'autre sujet d'inquiétude concerne une éventuelle coalition avec les Verts, favorables à des restrictions sur les émissions de gaz d'échappement automobiles. La Bavière est le fief des constructeurs BMW et Audi et la CSU s'oppose farouchement à toute interdiction touchant le diesel et les autres carburants malgré le scandale des moteurs truqués.

Concernant, enfin, la question de la monnaie commune, la CSU plaide pour une "stricte stabilité", se montrant hostile à l'idée d'un budget de la zone euro qui présenterait un risque pour les contribuables allemands.

(Pierre Sérisier pour le service français)