La mobilité durable en 2050 vue par l'UE

La Commission européenne s'est penchée sur les déplacements des Européens en 2050. Elle les a classés en fonction de la distance parcourue, en leur affectant les modes de transport les plus efficaces, du point de vue économique et environnemental.
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Moins de pétrole, moins d?émissions de CO2, plus d?intermodalité : c?est en résumé la stratégie européenne des transports à l?horizon 2050. Présentée fin mars 2011 dans une feuille de route de la Commission européenne, « Transports 2050 », cette stratégie cherche d?abord à diminuer la dépendance de l?Europe vis-à-vis des énergies fossiles et à réduire de 60 %, par rapport à 1990, les émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Excluant de restreindre la mobilité sous prétexte de lutter contre le changement climatique, la Commission distingue plusieurs types de déplacements ? régionaux, locaux, longue distance ?, et leur affecte des objectifs et des solutions.

Chemin de fer et voies navigables
D?ici à 2050, 50 % du transport interurbain de voyageurs et de marchandises devrait être assuré par le chemin de fer et les voies navigables. Au-delà de 300 km, lit-on dans la feuille de route, le transport de passagers aurait à s?effectuer par le train. Pour la longue distance, la Commission préconise l?optimisation des transports aériens et maritimes qui, selon elle, continueront de dominer : nouveaux moteurs, part des « carburants durables » portée à 40 % dans l?aérien, amélioration des systèmes de gestion du trafic. Enfin, dans les villes, la totalité des véhicules à moteur traditionnel, pour les passagers et les marchandises, doit avoir disparu, au profit des transports en commun et de nouvelles motorisations.
Quant au financement, il proviendra « de l?application des principes de l?utilisateur payeur et du pollueur payeur », explique Sandro Santamato, chef d?unité des analyses économiques à la direction des transports de la Commission européenne : « les recettes profiteront au développement d?infrastructures intégrées et efficientes. »

Étapes intermédiaires
En septembre 2011, le Parlement européen s?est prononcé sur la politique des transports de l?Union européenne, via sa commission transport. Il recommande des étapes intermédiaires dans les objectifs de réduction des émissions de CO2 : 20 % en moins sur la route, et 30 % en moins dans les airs et sur les mers en 2020 par rapport à 2010. Il appelle de ses v?ux une diminution de moitié du nombre de victimes des accidents de la route et l?intégration des coûts des nuisances externes (bruit, pollution) au prix payé par l?utilisateur. Il a aussi appelé la Commission à formuler « des propositions concrètes d?ici à 2013, visant à développer les infrastructures urbaines pour piétons et cyclistes et à doubler le nombre d?usagers des transports publics via une offre attractive. »
Les associations françaises d?usagers, parmi lesquelles la Fédération nationale des associations d?usagers des transports (FNAUT), ont aussi réagi aux projections de la commission. Tout en se félicitant des « bonnes intentions » de celle-ci, elles regrettent que ces scénarios évitent « la question cruciale des besoins de mobilité ». Mais elles mettent en garde contre les projections sur l?utilisation des agrocarburants de deuxième et troisième générations : « Les connaissances techniques de ces filières restent très floues. Il est difficile de prévoir aujourd?hui les technologies qui seront disponibles en 2050. »

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En Allemagne, les fous du vélo
Le vélo sème la zizanie dans les villes allemandes. À Berlin, il est devenu le mode de transport quotidien d?un habitant sur sept, un chiffre qui a doublé en dix ans, notamment grâce aux efforts de la municipalité. À Fribourg, un déplacement sur trois se fait à bicyclette, et la ville a aménagé près de la gare un parking géant d?une capacité de 1?000 vélos. La densité de cyclistes y est telle que des interdictions de stationnement pour les vélos fleurissent dans les rues étroites du centre-ville. Ce succès spectaculaire, salué par le ministère des Transports, génère des tensions avec les autres utilisateurs de la route, piétons et automobilistes. Le nombre d?incivilités explose, et un livre paru au printemps dénonce l?arrogance de cyclistes qui se croient tout permis au nom de la protection de l?environnement : ils ignorent la signalisation, remontent à contresens les rues à sens unique, ou roulent sur les trottoirs, autant d?infractions contre lesquelles le code de la route est inadapté. Plus grave : en 2010, les cyclistes ont été impliqués dans un accident sur trois et un accident mortel sur quatre. Les infrastructures pour les vélos ne suivent pas : en 2011, l?État fédéral leur a consacré un budget de 86 millions d?euros. Une somme très insuffisante, juge l?Automobile club allemand (Adac) : il en faudrait six fois plus rien que pour développer le réseau de pistes cyclables autour de Berlin.

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