Attentats : Paris se réveille hébétée

Au lendemain des attaques terroristes qui ont fait au moins 128 morts et 250 blessés à Paris, la capitale s'est réveillée samedi dans un silence inhabituel. Ecoles, marchés, musées et plusieurs enseignes de distribution sont fermés.
Christine Lejoux
A Paris, samedi, des passants commençaient à déposer fleurs et bougies dans les rues où se sont déroulés les attentats de vendredi soir, les plus meurtriers que la France ait jamais connus.

(Actualisé à 19h45)

D'habitude, Paris, c'est gai, le samedi matin. C'est le début du week-end, les uns vont au marché, les autres sirotent un café en attendant que les enfants sortent de l'école, d'autres encore font un petit footing. Bref, un samedi matin ordinaire, Paris, c'est vivant. Mais pas ce samedi 14 novembre 2015, au lendemain des attentats terroristes qui ont fait au moins 128 morts dans la capitale et plus de 250 blessés. Aux abords du métro Daumesnil, dans le 12e arrondissement de Paris, les rues sont désertes. Depuis la veille au soir, la Préfecture de Police de Paris exhorte les habitants à ne pas sortir de chez eux. Les écoles, les marchés alimentaires, les gymnases sont fermés. Oublié le joyeux ronron habituel de la rue le samedi matin, Paris est silencieux. Seules quelques sirènes se font entendre, de loin en loin.

A l'entrée du métro, le kiosque à journaux affiche les « unes » noires des quotidiens : « Carnages à Paris » pour Libé, « L'horreur » pour L'Equipe, « Cette fois, c'est la guerre » pour Le Parisien. Avec le kiosquier, on ose à peine se souhaiter une bonne journée. Le métro, maintenant. Là non plus, il n'y a presque personne. On a la trouille. Et honte d'avoir la trouille, parce qu'on est bien en vie, nous. Les couloirs sont à ce point silencieux qu'on n'entend que le bruit de ses propres pas. Il y a ce touriste américain, et son inattendu « Hi... So sorry for you and for your country... » Ce n'est pas que les usagers du métro soient d'ordinaire bien gais, mais là, c'est encore autre chose. Pas la lassitude ni l'agacement habituels, plutôt une sorte de sidération. A Chemin Vert, le conducteur égrène la liste des stations fermées. Saint-Sébastien-Froissart, Filles du Calvaire, République, Strasbourg-Saint-Denis... Ces arrêts, qui sont d'ordinaire autant de points de rendez-vous pour les noctambules parisiens, ont été le théâtre du carnage de la veille.

Un coup de fil : l'agence bancaire à laquelle on se rendait ce matin sera exceptionnellement fermée. Tout comme plusieurs enseignes de distribution, l'Opéra de Paris, le musée d'Orsay, et d'ailleurs tous les musées et salles de spectacle publics d'Ile-de-France. Un peu avant 13 heures, il y a à peine plus de monde que le matin, dans le quartier habituellement très animé des Grands Boulevards, dans le 9ème arrondissement. Dans la très commerçante rue Cadet, le rôtisseur et l'huitrier attendent en vain le chaland. Le quai du métro Grands Boulevards est désert comme jamais un samedi en début d'après-midi. Devant le musée Grévin fermé, des parents rebroussent chemin avec leurs enfants. Comment vont-ils leur expliquer?

Non, ce n'est décidément pas un samedi ordinaire, à Paris comme dans le reste de la France, mais un samedi de deuil. Preuve en est ces passants qui commencent à déposer fleurs et bougies dans les rues où se sont déroulés les attentats de vendredi, les plus meurtriers que la France ait jamais connus. Ce samedi soir, les rues sont toutefois un peu plus peuplées que le matin. On croise un jeune homme, souriant, un pack de bières dans les bras. Deux autres, en proie à une indignation de prime abord hors de propos : "Tu comprends, c'est scandaleux, le prix de cette maison, sous prétexte que c'est un coup de coeur! Avec les frais de notaire, en plus!" La vie revient, pas comme avant, mais elle revient.

Christine Lejoux
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