Dans un monde de turbulences, qu'attend-t-on d'un pays ?

Organisé à Aix-en-Provence par le Cercle des Économistes, cet événement estival (du 1er au 3 juillet), auquel La Tribune est associée, réunira plus de 220 intervenants de haut niveau, français et étrangers, universitaires et entrepreneurs, dans le cadre des 34 sessions tous publics (4000 personnes sont attendues). À quelques mois de l'ouverture de la campagne présidentielle, la France sera au coeur des débats, le thème de l'année étant de forte d'actualité : « Dans un monde de turbulences, qu'attend-on d'un pays ? »

Les XVIe Rencontres économiques d'Aix-en-Provence sont, par la magie du hasard, au coeur de l'actualité politique la plus brûlante. Référendum britannique débouchant sur la victoire du Brexit, secondes élections législatives espagnoles en moins de six mois, ascension contestataire aux élections locales en Italie... Les pays, d'Europe ou d'ailleurs, sont encore au coeur des prises de décisions politiques qui font avancer le monde. Cette résurgence de l'idée de pays comme acteur incontournable de la marche du monde a pu prendre des allures provocatrices, excessives, agressives. Il n'empêche. Le phénomène à l'oeuvre, de « renationalisation » plutôt que de retour des nationalismes, est un élément fondamental de notre monde contemporain.

Si l'on remonte à l'aube des temps modernes, les sociétés se sont développées selon un processus binaire, fondé sur l'essor d'un mouvement d'internationalisation puis de mondialisation d'une part, et sur ses arrêts successifs par des conflits armés ou des crises de toutes sortes d'autre part. L'ouverture sur le monde ou le repli sur soi, en somme. Ce balancement, constant et régulier, interrompt périodiquement la mondialisation des économies, des pays et des sociétés, avec parfois une violence inouïe, comme nous l'a enseigné l'histoire du xxe siècle. Or, notre position est claire. La mondialisation, comme lame de fond de l'histoire de l'humanité, ne va pas s'interrompre. Elle va seulement adopter une physionomie différente de celle qu'elle a pu avoir avant la crise de 2008.

Deux utopies ont été balayées

Lors de cette période, un processus de transfert de la valeur ajoutée est apparu entre les économies développées et les économies émergentes. Le tournant de 2008 a accéléré et amplifié ce processus. Mais il a également fait émerger deux utopies majeures, qui n'ont pas résisté à la double épreuve du temps et de la réalité. La première fut l'idée d'une gouvernance mondiale, représentation ô combien progressiste, mais également irréaliste. Elle se matérialisa par la création du forum international du G20. Elle n'est aujourd'hui plus que l'ombre de ce qu'elle aurait dû être. La seconde fut la perspective d'un contrôle implacable et systématique de la finance mondiale. Après plusieurs annonces importantes de chefs de gouvernement, et une vague de réglementation, le spectre d'une nouvelle crise financière est réapparu. Ces deux utopies ont donc été balayées. L'incertitude a pris le pas. Le cours du pétrole a chuté brusquement. Les marchés sont montés, ont baissé, se sont affolés. L'incertitude s'est imposée comme la nouvelle règle. Et l'avenir, souvent porteur d'espoir, véhicule aujourd'hui de nouveaux facteurs de trouble. Le vieillissement des populations, la montée des inégalités, le double choc des nouvelles technologies et de la désindustrialisation vont remodeler nos pays dans des proportions que nous ne pouvons, pour le moment, que prédire.

Face à cela, nous avons besoin de construire un monde nouveau. Un monde où la coopération entre citoyens, entre États serait érigée au rang de vertu fondamentale. Un monde où le respect de tous serait assuré. Un monde, enfin, où la préservation de la nature et de l'environnement constituerait une évidence.

Se confronter à ces questions difficiles est l'ambition des Rencontres d'Aix-en-Provence que nous organisons. Pendant deux jours et demi, les meilleurs experts et universitaires du monde débattront avec des responsables politiques ou des chefs d'entreprise de haut niveau. Avec pour arrière-plan les futures élections aux États-Unis, en Allemagne, mais aussi et surtout en France, nous chercherons à trouver des solutions innovantes et durables aux problèmes actuels.

Un programme pensé et organisé en crescendo

Le programme de l'événement a été élaboré et articulé, comme toujours, en respectant l'art du crescendo. Le vendredi après-midi, nous poserons les cadres et paramètres des thèmes abordés. Il s'agira de réfléchir aux réalités que peuvent recouvrir ce que nous avons appelé les « turbulences » du monde. Lorsqu'elles seront identifiées, elles nous permettront de mieux comprendre les difficultés auxquelles se heurtent aujourd'hui les pays. Le samedi permettra, je l'espère, d'enrichir et de faire avancer la réflexion de manière cruciale. Cette journée constituera un véritable marathon puisqu'elle se divisera en cinq parcours dont les thèmes seront le contrat social, les opportunités économiques, les territoires, la population et les politiques économiques dans un pays idéal. N'ayant pas la prétention de dicter ce que doit être une société idéale, nous chercherons plutôt à poser les jalons d'une société où l'épanouissement de chacun serait possible et réalisable. Un endroit dans lequel toutes et tous seraient inclus de manière positive dans chaque rouage de la société, à commencer par le marché du travail. Enfin, le dimanche, nous analyserons les voies et moyens en matière de coopération entre pays afin de tendre vers cet idéal. Les formes de cette coopération sont légion. Mais aucune n'a pour autant été totalement efficace jusqu'ici. L'exemple du climat monétaire actuel, où le fantasme d'une guerre des monnaies est chaque jour plus tangible, est assez éloquent. La prise de conscience est donc de rigueur. Un travail commun pour soigner les maux transnationaux qui traversent chaque pays du monde est nécessaire. La COP21 a montré qu'une autre voie existait. Associer la société politique et la société civile n'est plus une gageure et peut déboucher sur un accord mondial. Souhaitons donc une généralisation de ce type de gouvernance pour préciser les contours de la démocratie au xxie siècle.

Le Cercle des Économistes conclura le dimanche par une déclaration, qui mettra en lumière les réflexions et décisions jugées comme les plus souhaitables. Cette année, encore plus que lors des précédentes éditions, nous les sélectionnerons avec le plus grand sérieux, afin qu'elles enrichissent et renforcent les programmes des candidats à l'élection présidentielle de 2017.

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LIVE RENCONTRES D'AIX

>>> SOMMES-NOUS VRAIMENT DANS UN MONDE TURBULENT ?

>>> Y A-T-IL PLUSIEURS FORMES DE CAPITALISME ?

Accéder au programme intégral : www.lesrencontreseconomiques.fr

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