Agriculture bio : pourquoi l'Etat se désengage des aides au maintien

Le ministre de l'agriculture Stéphane Travert a annoncé que l'Etat allait, à partir de 2018, confier le financement des "aides au maintien" aux régions. Objectif : privilégier les conversions d'agriculteurs débutants dans le bio.
Le ministre de l'agriculture Stéphane Travert a précisé l'arrêt des subventions du ministère concernant les aides au maintien pour les agriculteurs biologiques.

Changement de cap pour l'agriculture "bio" en France. À l'occasion du salon Tech et Bio que se tient cette semaine à Bourg-les-Valence dans la Drôme, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Stéphane Travert a, ce mercredi 20 septembre, précisé la nouvelle politique du gouvernement concernant les subventions destinées aux professionnels de l'agriculture "bio". En annonçant que l'Etat allait désormais s'en remettre aux régions pour financer les aides au maintien, le député de la Manche a provoqué la colère et l'incompréhension des acteurs de la filière.

Ces aides qui prennent le relais des aides à la conversion sont destinées à pérenniser les exploitations fragilisées par le changement de modèle. Celles pour la conversion accompagnent la période de transition de trois ans pendant laquelle l'exploitant voit ses rendements chuter en étant payé à un prix intermédiaire. Le ministre justifierait cette décision en précisant quelques points d'amélioration.

S'adapter à un marché en pleine croissance

Pour Stéphane Travert, l'objectif de ce changement de cap serait que "d'autres mécanismes que l'attribution systématique" d'aides au maintien "permettent aux producteurs déjà certifiés en agriculture biologique d'obtenir une juste rémunération". Car si les mécanismes doivent changer, c'est avant tout parce que le marché du "bio" connaît une "croissance historique", selon ses termes.

Avec un marché estimé à plus de 7 milliards d'euros pour l'année 2016, et une croissance de 20% par rapport à l'année 2015 -qui avait déjà enregistré une hausse de 15%-, l'Etat compte sur le "boom" du "bio" en France et en Europe pour faire vivre des agriculteurs depuis longtemps sur la défensive.

Stéphane Travert s'est en revanche déclaré prêt à accompagner le développement d'une "filière bio", incluant la transformation et la distribution des aliments, afin que les produits issus de l'agriculture biologique française puissent être écoulés correctement et sans gaspillage sur le marché. Pour ce faire, il compte sur les Etats généraux de l'alimentation (EGalim) qui ont débuté en juin 2017 et devraient se terminer en novembre, dans le but d'élaborer des "propositions concrètes" allant dans ce sens.

Augmenter le pourcentage de surfaces agricoles "bio"

Dans le cadre de ces Etats généraux, il souhaite également que soit mis en place un "fonds privé" servant à financer "des projets de développement et de structuration des filières bio". Une initiative qui permettrait de faire augmenter l'emprise de l'agriculture "bio" à "8,5% des surfaces agricoles utilisables" en France d'ici 2020, alors que celle-ci s'élevait à 6,5% en 2016.

Aussi, l'Etat s'engage à honorer le financement des aides au maintien "attribuées au titre des campagnes PAC 2015 à 2017". Les contrats en cours devraient donc être maintenus, ainsi que le crédit d'impôt dont bénéficient aujourd'hui les producteurs "bio". Un allègement fiscal allant de 2.500 à 4.000 euros qui devait initialement prendre fin en 2017.

Stéphane Travert a cependant tenu à souligner que "les régions pourront continuer de financer des aides au maintien" tout en prévenant qu'elles "devront le faire en responsabilité", et surtout "sans mobiliser les crédits du ministère". Une diversion qui ne manquera pas de faire réagir le monde agricole dans son ensemble qui, malgré les bons chiffres du "bio", traverse actuellement une sévère crise.

Lire aussi : Les Français consomment toujours plus de bio, mais gare à la pénurie

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