Les remous suscités par la remise en cause du statut des fonctionnaires se transforment en vagues au sein du parti socialiste. Cette fois, c'est Martine Aubry, maire de Lille et ancienne première secrétaire du PS, qui est sortie de sa traditionnelle réserve pour tacler le ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
On l'entend peu s'exprimer sur la politique nationale - et pourtant elle n'en pense pas moins - mais lors de sa conférence de presse de rentrée, mardi 22 septembre, la maire de Lille a tempêté:
"Macron, ras-le-bol. Ras-le-bol, voilà! C'est le ministre de l'Economie. Il faut qu'il mette toute son énergie qui est grande, et sans doute ses talents, à accélérer la croissance et l'emploi", a-t-elle lancé selon Reuters.
Et de renchérir:
"Je supporte de moins en moins à la fois l'arrogance, et notamment sur les fonctionnaires, (...) et une ignorance, une ignorance de ce que vivent les gens aujourd'hui. [...] Il y a un moment où ce n'est plus supportable. [...] Je lui dis très simplement: qu'il s'occupe de son ministère."
L'ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin à l'origine des lois sur les 35 heures a rappelé à Emmanuel Macron son passé de fonctionnaire - il a été inspecteur des finances de 2004 à 2008. "Il sait sans doute qu'en période de crise on n'a jamais eu autant besoin des fonctionnaires : les policiers, les enseignants, les hôpitaux".
Remise en cause des 35 heures et du statut des fonctionnaires
Pour rappel, la semaine dernière, à deux moins de trois mois des élections régionales, le ministre de l'Économie a jugé que le statut de la fonction publique n'était plus "adéquat" car plus "adapté au monde" tel qu'il s'oriente. Aussitôt, François Hollande l'avait rappelé à l'ordre en évoquant son attachement à ce statut. Manuel Valls avait quant à lui défendu Emmanuel Macron, souhaitant le soutenir "jusqu'au bout" tout en défendant le statut des fonctionnaires.
Le ministre de l'Economie avait également été très critiqué en raison d'une petite phrase lâchée lors de l'université du Medef cet été. Il avait déclaré: "La gauche (n'était) pas exempte de critiques particulières. Elle a pu croire à un moment, il y a longtemps, que la politique se faisait contre les entreprises, ou au moins sans elle. (...) Que la France pourrait aller mieux, en travaillant moins. C'était des fausses idées." Des propos, interprétés comme une critique des 35 heures. Le Premier ministre l'avait alors sévèrement recadré.
Mais Martine Abry "mère" des 35 heures avait du fort peu gouter la saillie de l'actuel ministre de l'Économie.
