Avec le confinement, les inégalités ont été exacerbées

Logement, situation familiale, conditions de travail, garde d'enfant, travail domestique... le confinement entre mars et mai n'a pas été vécu de la même manière par tous les Français, rappelle une récente note de la direction générale du Trésor.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Les mesures drastiques de confinement décidées à la mi-mars ont jeté une lumière crue sur les inégalités en France. Rapidement, de nombreux travailleurs ont dû continuer à se rendre sur leur lieu de travail tandis que d'autres ont pu travailler depuis leur domicile limitant ainsi les risques d'exposition. Au delà des conditions de travail, la mise sous cloche de l'économie a amplifié les disparités sociales antérieures à la crise.

Dans une récente étude très documentée passée relativement inaperçue, la direction générale du Trésor rattachée à Bercy a passé au crible les effets terribles de la pandémie sur ces inégalités criantes. Avec la récession en cours, de nombreux ménages déjà en difficulté se retrouvent au bord du gouffre financier. La mise en oeuvre de filets de sécurité ne devraient pas suffire pour beaucoup de familles qui risquent de passer outre.

Mal logement et surpeuplement

La pandémie a d'abord mis en exergue les inégalités de logement au sein de population. Beaucoup de personnes sans abri (estimées à 150.000) ou migrants ont été en première ligne pour affronter sans logement la circulation importante du virus au printemps. Ce qui a d'ailleurs provoqué de vives inquiétudes entre autres chez les professions médicales.

Du côté des personnes qui bénéficient d'un logement, il existe d'amples disparités. Selon le document du ministère de l'Economie, plus de 900.000 personnes sont mal-logées en France. Par ailleurs, de multiples écarts sont liés aux catégories socioprofessionnelles. Les familles de cadres ont en effet un logement en moyenne 1,5 à 2 fois plus grand que les inactifs (hormis les retraités), les ouvriers et les employés. En outre, les difficultés de logement et les conditions de surpeuplement vont de pair avec les catégories sociales. Ainsi, 45% des ménages du premier quartile (ménages modestes) ont rencontré des difficultés de logement contre seulement 16% chez les cadres durant les dernières années.

La situation alarmante des personne isolées

Outre les conditions de logement, l'auteure de l'étude Marie-Apolline Barbara s'est également intéressée aux conditions de vie des personnes isolées qui peuvent rapidement se retrouver dans situations difficiles pour se soigner ou faire leurs courses. Selon la note de Bercy, 10,5 millions de personnes vivent seules sur le territoire français (soit environ 16% de la population). Elles sont d'abord plus exposées que les autres aux phénomènes de pauvreté. "Le taux de pauvreté (au seuil de 50 % du revenu médian) est de 9,6 % chez les personnes vivant seules, contre 8 % dans la population générale". Les mesures de confinement et la limitation des déplacements dans des périmètres restreints ont pu accroître l'isolement de ces individus. "Si vivre seul et se sentir isolé ne vont pas nécessairement de pair, les conditions de vie des personnes objectivement isolées ont été fragilisées par le confinement. En effet, les 10 % de Français isolés ont aussi un moindre recours aux moyens de communications virtuels pour rester en contact avec leur famille ou leur entourage", explique Marie-Apolline Barbara.

Le confinement avec enfant

Là encore, la composition du foyer peut jouer un grand rôle sur les conditions de vie en période de confinement. La fermeture des établissements scolaires a chamboulé le mode de vie de milliers de parents contraints parfois de trouver des modes de garde pour ceux qui étaient obligés de se rendre sur leur lieu de travail. Pour ceux qui télétravaillaient, la garde des enfants s'est avérée parfois difficilement compatible avec l'organisation du travail. "La charge des enfants pèse aussi différemment selon l'âge de ces derniers (en matière de suivi pédagogique notamment) et le nombre d'adultes disponibles (télétravail, familles monoparentales...). À cet égard, les aides à la prise en charge des enfants des travailleurs « essentiels » ont cependant permis de réduire les contraintes du confinement pour certaines familles", indique l'étude du ministère de l'Economie.

Des inégalités parentales aggravées

Le confinement a amplifié les inégalités entre les parents. Une enquête de l'Insee rendue publique au mois de juin dernier rappelait que la prise en charge des enfants était globalement plus assurée par les femmes. 83% des femmes interrogées affirment y avoir passé plus de 4 heures par jour contre 57% des hommes. Sur l'ensemble des personnes en emploi, les mères ont deux fois plus souvent que les pères renoncé à travailler pour garder leurs enfants (21 % contre 12 %).

Des conditions de travail inégales

La mise sous cloche de l'économie tricolore a eu des répercussions disparates sur l'organisation du travail selon les métiers et catégories professionnelles. Ainsi, une récente enquête de l'Insee rappelait que si 35% des personnes en emploi ont continué de se rendre sur leur lieu de travail, 34% ont télétravaillé. Ainsi, une majorité des cadres et professions intermédiaires ont pu télétravailler (58%) contre 20% chez les employés et 2% chez les ouvriers. "De telles différences se retrouvent également sur les conditions de travail selon le niveau de vie. 21 % des personnes les plus modestes ont télétravaillé pendant le confinement contre 53 % des plus aisés (dernier quintile). À l'inverse, les personnes les plus modestes ont davantage continué à aller travailler sur site. Ce fut en particulier le cas des ouvriers (53 %), devant les employés (41 %), agriculteurs, chefs d'entreprise et indépendants (40 %), les cadres et professions intermédiaires étant nettement en retrait (21 %)."

Des conditions financières dégradées

Si les mesure de chômage partiel ont permis de préserver une grande partie des revenus de la population active, beaucoup de foyers modestes ont pu subir une perte de revenus en raison de l'activité partielle, d'un arrêt de travail pour maladie ou garde d'enfant. Parmi les personnes interrogées par l'Insee, ce sont les plus modestes qui déclarent le plus souvent que leur situation financière s'est dégradée.

Grégoire Normand
Commentaires 23
à écrit le 16/08/2020 à 19:13
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Pourtant certain cherche à s'en sortir: Paul Dolianki, maire (PSG, parti socialiste guyanais) de la petite commune d'Apatou en Guyane, à la frontière avec le Suriname, s'apprêtait à défendre ce lundi 17 août les intérêts de son territoire au minis...

à écrit le 15/08/2020 à 17:56
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Pendant ce temps : Malgré la pandémie, la demande de montres de luxe reste bien remontée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, rapporte la chaîne britannique de magasins Watches of Switzerland. Si les ventes ont reculé au premier trimestre de l'exerci...

à écrit le 15/08/2020 à 9:56
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N'oublions pas qu’une consultation spéciale chez le médecin généraliste est majorée à 55 euros pour les patients testés positifs et une rémunération supplémentaire de 2 à 4 euros par information fournie sur les personnes contacts.

à écrit le 14/08/2020 à 22:25
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Avez vous constaté que les inégalités passaient par la médiatisation et que sans cela on était plus heureux?

à écrit le 14/08/2020 à 20:36
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Ce pays rémunère mal le travail des non diplômés et peu diplômés. On méprise le travail manuel et on exploite les ouvriers et les employés.

le 14/08/2020 à 23:55
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Les ouvriers et les employés n'ont qu'à avoir des diplômes! On n'en peut rien s'ils sont bêtes...

le 15/08/2020 à 23:53
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Réponse @ Albert: On rémunère toujours une fonction et non un diplôme. Si Un médecin choisit d'être bûcheron, il sera rétribué comme bûcheron et non en fonction de ses diplômes. Un diplôme garanti simplement que l'individu est qualifié pour la foncti...

le 16/08/2020 à 6:23
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Ce public adepte des hanouna et autres ben hallah n'ont qu'a essayer de se sortir par l'effort d'apprendre, voire de travailler. L'etat protecteur c'est fini, retroussez vous les manches.

le 16/08/2020 à 10:47
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@ albert et matin calmes des diplômés et sur diplômes bons à rien mauvais à tout, c'est la norme conforme à la Loi Pareto 80 % de nuls beaucoup trop payés 20 % de bons qui partent à l'étranger, ce sont bien les 80% de nuls qui ont précipité la ...

à écrit le 14/08/2020 à 12:45
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Ce n'est pas avec le "confinement" que les inégalités ont été exacerbées : c'est avec "le triomphe de la médecine"... Le jansénisme est une pulsion morbide.

à écrit le 14/08/2020 à 12:10
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Le problème principal...c'est la mégalopole. Elle concentre tous les problèmes, sanitaires, sécuritaires, environnementaux, sociaux. On touche le fond quand il est prévu de densifier encore plus, construire toujours plus haut pour entasser toujours p...

à écrit le 14/08/2020 à 11:37
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L'inégalité est consubstantielle à la vie. Il n'y a d'égalité que dans la mort.

à écrit le 14/08/2020 à 11:24
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Les inégalités n'ont jamais été un problème, il suffit de les assumer. Et puis de quelles inégalités parle-t-on, les inégalités financières ? Mais il y a la richesse démographique, aussi, et celle-là, personne n'en parle, étrangement. La vision polit...

le 17/08/2020 à 9:01
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"richesse démographique" comme au niger c est ca ? Quelle est la richesse a se reproduire comme des lapins ? a une certaine epoque ca permettait d avoir plein de soldat pour envahir et piller le voisin mais meme ca ca ne marche plus (une armee techn...

à écrit le 14/08/2020 à 11:05
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Le confinement de 99,99% de la population qui n'est pas menacé de succomber à la maladie est tout simplement incompréhensible. Confiner seulement la population la plus fragile nous aurait préservé des conséquences désastreuses du confinement général,...

à écrit le 14/08/2020 à 10:32
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D'où cette erreur de menacer les "français" d'être reconfinés : retraités, fonctionnaires (dans les collectivités et les administrations ça été la "totale"), salariés des grosses entreprises, .... Salaires et avenir assurés... ils ont hâte de repren...

à écrit le 14/08/2020 à 10:06
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" Oui il y a bien une lutte des classes mais c'est ma classe, celle des riches, qui la fait et nous gagnons" Warren Buffet. Ne pas oublier quand même que sous Blair des citoyens londoniens souffraient déjà de malnutrition générant au final le pui...

le 14/08/2020 à 14:44
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Il n'y a plus de lutte des classes: pourquoi voulez-vous que les plus aisés, et ceux qui se gèrent seuls perdent leurs temps et leurs énergies à des luttes..Pour lutter, il faut être deux! Dès lors, WB avait tord sur ce point. Et les crises exacerben...

le 14/08/2020 à 16:51
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Est-ce un crime de se donner plus de mal, de travailler plus dur pour gagner plus qu’un semblable qui n’a pas la même ambition, la même volonté ou qui parfois a juste manqué de chance?

le 14/08/2020 à 17:20
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@ "Est-ce un crime de se donner plus de mal, de travailler plus dur pour gagner plus qu’un semblable qui n’a pas la même ambition, la même volonté ou qui parfois a juste manqué de chance? " Tu n'as pas compris mon commentaire, veux-tu que je te l...

le 14/08/2020 à 17:27
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@ BH Je suis d'accord c'est pas une lutte c'est un massacre. "La seule chose positive est que l'argent n'est plus un facteur limitant (taux nuls)" Pas de bol vu que même et surtout à taux zéros les banques ont encore plus intérêt à prêter...

le 15/08/2020 à 10:04
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@ multipseudos: "Est-ce un crime de se donner plus de mal," Ta sémantique de manipulateur est signalée

le 15/08/2020 à 11:13
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"J'en suis à deux réponses donc, on va bien voir. " Et comme il fallait s'en douter la plus importante contrant le commentaire le plus obscurantiste n'a pas été validée... -_- La vache hein, si vous êtes pas en mesure de comprendre de grâce a...

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