Budget 2018 : la gauche le juge "favorable aux riches", la droite insuffisant

A peine présenté, déjà critiqué. Le plan de loi finances 2018 est au cœur des discussions à gauche comme à droite, recueillant déceptions, reproches ou applaudissements.
Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire et Benjamin Griveaux ont présenté le plan de loi finances 2018 (ici, à l'Elysée en juin 2017).

Article publié à 17h et mis à jour au cours de l'après-midi

Le gouvernement a présenté, ce mercredi matin, son projet de loi de finances pour 2018. A gauche comme à droite, ils sont quelques-uns déjà à avoir réagi. Il y a ceux qui condamnent l'orientation du gouvernement, ceux qui l'accueillent en demi-teinte et ceux qui, au contraire, l'applaudissent. Passage en revue des réactions.

"C'est un budget avant tout pour les riches"

Sans surprise, le Parti socialiste se montre, dans un communiqué, critique quant à la position du gouvernement. Dans un communiqué, le PS "s'alarme face à la volonté absolue d'être sous les 3% de déficit". Il est précisé :

"Cet objectif est recherché au prix d'une injustice sociale et fiscale certaine. (...) Pour que seuls quelques-uns bénéficient d'une importante baisse d'impôt, tous souffriront d'une baisse de protection sociale."

Pour la gauche, ce budget 2018, est porteur de plusieurs points favorables aux plus riches. Le PS déplore notamment la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé à un impôt sur la "fortune immobilière" (IFI) considéré comme "bien plus faible et non contraignant pour les ménages les plus riches". De la même façon, ils jugent que le "seul intérêt" de la mise en place d'un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital est de bénéficier aux classes aisées.

En parallèle, les socialistes soulignent : "La CSG, applicable pour tous les Français, va augmenter de 1,7 point et les dépenses publiques vont diminuer de 16 milliards d'euros."

Et d'ajouter :

"C'est donc un budget avant tout pour les riches. Il ne fait que suivre la dynamique, enclenchée cet été, d'une politique libérale et droitière, commencée par la baisse des APL, des contrats aidés et des subventions."

Autre opposant au projet de loi, Europe Ecologie Les Verts. Les écologistes appellent le gouvernement à revoir sa copie pour être en cohérence avec les discours et les intentions affichées. Dans un communiqué, le parti précise :

"Les écologistes trouvent incompréhensible ce projet de loi de finances qui, encore une fois, favorise une minorité aisée et contribue au cercle vicieux de la concurrence fiscale entre les États, dans un contexte où les grandes entreprises - notamment celles du CAC 40 - connaissent une hausse de leurs bénéfices.  Incompréhension d'autant renforcée par les effets d'annonce du Président qui aime à se parer d'une rhétorique égalitaire."

"Pire que Sarkozy", "Merci Macron"

A gauche de la gauche, le parti communiste condamne également les orientations du gouvernement pour le budget 2018. Sur Twitter, Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, n'a pas hésité à jouer sur les comparaisons :

"Un budget pour les plus riches. Plus droitier que Sarko en 2007. Aussi "moderne" que Reagan dans les années 80. Un budget qui va aggraver spectaculairement les inégalités sociales. Un budget profondément injuste qui va provoquer des dégâts considérables. (...) Budget : la réforme sur l'ISF et la fiscalité sur le capital, c'est 5 milliards pour les plus riches ! Cadeaux. Merci Macron !"

"Pire que Sarkozy", c'est aussi ce que relève Valérie Rabault, députée Nouvelle gauche (ex-PS), ancienne rapporteure de la commission des Finances de l'Assemblée :

"C'est l'épreuve de vérité : on sort du 'ni de droite, ni de gauche', on entre dans le 'à droite' de manière assez phénoménale (...). C'est le plus gros avantage fiscal donné aux foyers fiscaux les plus aisés en France depuis 30 ans. Même Nicolas Sarkozy dans la loi TEPA n'avait envisagé une telle baisse. C'est le plus gros cadeau, en tout cas avantage fiscal, donné aux contribuables français les plus aisés. Nous dénonçons cela (...)".

Au parti communiste encore, on y voit une "accélération brutale des politiques d'austérité". Le député Fabien Roussel, également membre de la commission des Finances estime :

"C'est un budget pour les plus riches, de baisse de la fiscalité sur le capital, sur les dividendes, sur les sociétés. Et en revanche, c'est 16 milliards d'économies pris dans les poches des salariés, des retraités, des collectivités."

"C'est un budget pour les riches" également pour le parti de Jean-Luc Mélenchon. La France Insoumise, par la voix d'Eric Coquerel, député et membre de la commission des Finances, a également pris position sur la question. Pour lui, le projet de loi finance ne comporte rien de nouveau. Il y voit les germes d'une nouvelle hausse du chômage :

"Ce projet de loi est assez clair et assumé. Il favorise les revenus du capital en espérant que ce soient les investissements de demain et les profits d'après-demain. M. Le Maire annonce ça comme une rupture, comme une nouvelle politique, alors que cela fait une trentaine d'années que cette politique sévit. Là, ils le font en pire, ça c'est vrai, sans aucun effet sur l'économie sauf de produire du chômage, d'augmenter les dividendes et avec un investissement qui est en berne (...). Cette politique est mauvaise. C'est un budget pour les riches, pour les détenteurs du capital qui répond aux mesures d'austérité demandées par Bruxelles et Berlin. C'est peut-être bon pour eux mais pas pour la France."

Pour la CGT aussi, le budget 2018 est un "cadeau pour les plus riches". Le syndicat considère qu'il est loin de "répondre aux attentes des citoyens" et que "son objectif affiché est de respecter les logiques libérales". Aussi, dans un communiqué, la CGT prévient qu'une mobilisation des salariés, des privés d'emploi et des retraités contre ces choix vont se poursuivre.

Un projet qui ne va pas assez loin pour la droite

A droite, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Woerth (Les Républicains) s'est montré plutôt déçu. Dans une allocation devant la presse, il a clairement dit qu'il aurait souhaité que le gouvernement aille plus loin :

"C'est un budget qui n'atteint pas les objectifs fixés auparavant. C'est clair, il y a plus de fiscalité que prévu, il y a plus de déficit que prévu, le déficit de l'Etat sera considérable (avec) moins de pouvoir d'achat pour un certain nombre de catégories de Français (...) et une maîtrise de la dépense publique qui n'apparaît pas aussi importante que ce qu'elle devrait être dans une économie qui va bien".

"Les choses ne vont pas assez loin comme par exemple en ce qui concerne la baisse du nombre de fonctionnaires (...). On laisse les choses au milieu du gué (...) Le compte n'y est pas."

"Peut mieux faire" aussi pour Charles de Courson, député du groupe des "Constructifs" et membre de la commission des Finances :

"Du point de vue de la sincérité ils ont beaucoup progressé. Les hypothèses macro-économiques sont tout à fait réalistes et raisonnables (...). Mais la réduction du déficit structurel est très faible. (...). Et les économies sur les dépenses qui avaient été annoncées à 20 milliards, elles seraient plutôt autour de 8-9 milliards (...). Sur les recettes le gouvernement n'est pas encore tout à fait au point. Il y a un vrai effort mais il y a encore beaucoup de travail".

"C'est une bonne nouvelle"

Certains tout de même - peu nombreux pour l'heure - se réjouissent du plan de loi finances 2018. C'est le cas de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Ce dernier s'est exprimé sur Twitter :

"Le PLF 2018 confirme l'intention de la France de respecter l'engagement du retour sous 3% de déficit dès 2017 et de poursuivre l'assainissement de ses comptes publics au-delà. C'est une bonne nouvelle !"

"La France doit investir pour soutenir sa croissance et financer ses services publics. Réduire sa dette est donc impératif."

Sans surprise, la majorité applaudit les annonces du gouvernement. Richard Ferrand, président du groupe La République en Marche, estime que celles-ci "redonneront du pouvoir d'achat à ceux qui travaillent" et sont en adéquation avec les promesses de campagne du candidat Macron.

Le patronat salue également le projet de loi de financement. Le Medef, souligne ainsi dans un communiqué :

"Le projet de loi de finances marque indéniablement une étape dans l'indispensable transformation de notre pays pour l'adapter aux grandes mutations en cours et lui redonner son rang dans la compétition internationale."

Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du syndicat patronal, tente de tempérer tout de même :

"En revanche, notre problème de compétitivité est encore devant nous. Les premières réformes de bon sens du quinquennat et la conjoncture favorable ne suffiront pas à le régler."

(A.F. avec Reuters)

Commentaires 10
à écrit le 28/09/2017 à 16:24
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"Richard Ferrand, président du groupe La République en Marche, estime que celles-ci "redonneront du pouvoir d'achat à ceux qui travaillent" Comme lui avec son ex, sa femme et sa mutuelle ? Sinon : Reste qu'avec le nouvel IFI, les milliardai...

à écrit le 28/09/2017 à 9:19
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La France est un pays ou l'on vie uniquement de l’héritage et non pas de son travail. Pour les uns, héritages familiaux et pour les autres héritage d'alloc de l'état. Tant que le travail et l'effort ne seront pas mis en avant ou valorisé, la France ...

à écrit le 28/09/2017 à 9:19
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Notre premier ministre, qui est quand même le mieux placé, a déjà répondu à cette question dans le Financial Times, j'espère que vous diffuserez mon commentaire quand même hein, merci.

à écrit le 27/09/2017 à 20:31
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ISF les actionnaires vont économiser 4,5 milliards d'euros, pendant ce temps là, les retraités vont payer 1,7 % de CSG à partir de 1200 e par mois . Pour la TH , ceux qui s'imaginent qu'ils vont payer moins sont des rêveurs. Les taxes locales vont au...

à écrit le 27/09/2017 à 19:24
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Je retranscris la toute fin du dernier article de Frédéric Lordon, ni lui ni le diplo ne m'en voudront je pense. "...le Financial Times rencontrait le premier Edouard Philippe: " Lorsque on (lui) suggère que les plans de son gouvernement ne compor...

à écrit le 27/09/2017 à 18:54
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Bon finalement, Macron fait du consensus en restant au centre !

à écrit le 27/09/2017 à 17:54
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"C'est donc un budget avant tout pour les riches. Il ne fait que suivre la dynamique, enclenchée cet été, d'une politique libérale et droitière" Oui, et tout ça grâce à l'aile droite du PS chez Macron , comme quoi.

à écrit le 27/09/2017 à 17:53
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"C'est un budget avant tout pour les riches": pourquoi faut en donner toujours plus à la classe populaire en oubliant les autres? Il me semble qu'o,n devrait surtout favoriser ceux qui travaillent et paye des impôts et entre autre surtout la classe ...

le 27/09/2017 à 18:24
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" et la classe populaire , non pauvre, eux payent pas lourds à l'état" Revenu imposable Tranches entre 9 711 et 26 818 € : 14 % Pas assez pour toi ?

à écrit le 27/09/2017 à 17:50
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Après 10 ans de nausée fiscale, ça continue avec 8 cts sur le diesel, la hausse de la CSG... etc. C'est bien de supprimer l'ISF mais faudrait que ça soit gravé dans le marbre pour que personne ne puisse revenir la dessus aux prochaines élections.

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