Buzyn lance un plan pour "qu'un vrai virage dans la prévention ait lieu en France"

La ministre de la Santé a lancé les travaux pour mettre en place une stratégie nationale de santé en 2018. Celle-ci promet d'être fortement axée sur la prévention pour améliorer l'efficience du système, un domaine dans lequel la France est en retard. Mais le futur budget alloué, facteur-clé de l'ampleur du big bang attendu par Agnès Buzyn, reste un mystère.
Jean-Yves Paillé
"L'ensemble du gouvernement, dont les ministères du Travail, de l'Education, de l'Environnement, mais aussi les collectivités. Tout le monde devra se mettre en ordre de marche pour que le virage de la prévention ait lieu", fait valoir Agnès Buzyn.

Les premières mesures dans la prévention, un des mantras de la campagne présidentielle de Macron, se font attendre, mais la stratégie du gouvernement d'Edouard Philippe commence à se préciser. Lundi 18 septembre, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a présenté le calendrier de la mise en place de la Stratégie nationale de santé, un plan quinquennal qui fixe les priorités du gouvernement dans le domaine. Il sera instauré par un décret prévu "avant le 31 décembre", et mis en œuvre au premier semestre 2018 par le biais des Agences régionales de santé. Agnès Buzyn retient quatre axes: la lutte contre les inégalités sociales et territoriales avec une volonté de mieux organiser les parcours de soin localement, l'innovation organisationnelle et technologique, la pertinence et la qualité des soins (rémunération et formation des médecins), et la prévention, axe numéro 1.

Il faut qu'un "vrai virage de la prévention ait lieu dans le pays", fait valoir Agnès Buzyn. La ministre de la Santé veut passer d'un système de santé française qui réfléchit plus "en termes silos, par spécialité, par pathologie" à une façon de penser "plus globale sur les déterminants de santé". C'est-à-dire "en agissant sur les comportements et les environnements de vie et de travail".

La politique de prévention du gouvernement sera axée sur l'amélioration des dépistages, la lutte contre les addictions (le tabagisme notamment qui est responsable de 73.000 décès par an) et la mauvaise nutrition. Des comportements à risque qui sont une des principales causes de cancer, diabète et de maladies cardiovasculaires, trois types de pathologies dont la prévalence est amenée à progresser dans les années à venir dans l'Hexagone. Les cas de diabète et de maladies cardiovasculaires augmenteront respectivement de 12 et 13% entre 2015 et 2020, prévoit l'Assurance maladie.

Autre combat d'Agnès Buzyn: améliorer l'information autour de la sexualité, délaissée dans bon nombre d'écoles, avec en parallèle le spectre du VIH attendu en hausse d'ici à 2020, toujours selon les projections de l'Assurance maladie.

Agnès Buzyn prévoit également de regrouper les plans de santé publique (plan cancer, etc.) en un seul plan pour coordonner ces derniers, et viser des objectifs basés sur des retours des personnes sur de possibles améliorations constatées.

Le budget pose question

Les mesures précises restent encore floues. La ministre s'est pour le moment inspirée des grandes lignes du rapport qui lui a été remis par le Haut conseil de la santé publique. Si elle suit ce dernier, elle pourrait promulguer la création d'un fonds spécifique pour la promotion de la santé pour l'accompagnement et la formation entre autres, ou encore le développement de la culture de la prévention avec la formation initiale et continue des acteurs impliqués (médecins, professionnels éducatifs). Le rapport préconise également d'engager le système de santé dans un virage préventif en dédiant une partie des ressources à la prévention en créant un volet spécifique. Ou encore allouer des crédits aux innovations numériques et technologiques qui pourraient aider à la diffusion de la prévention.

Pour connaître les mesures concrètes, il faudra attendre le résultat des concertations en octobre et novembre avec les représentants du secteur de la santé, et d'une consultation publique ouverte à tous les Français (via un site Internet) en novembre.

La portée de ces mesures dépendra aussi du budget qui leur sera alloué. Qui les financera ? "L'ensemble du gouvernement, dont les ministères du Travail, de l'Education, de l'Environnement, mais aussi les collectivités. Tout le monde devra se mettre en ordre de marche pour que le virage de la prévention ait lieu", assure la ministre.

Pour pouvoir mettre en place son plan dès 2018, la ministre compte obtenir une partie du budget alloué au PLFSS 2018 (projet de loi de financement de la sécurité sociale).

"On a travaillé à ce que toute la Stratégie nationale de santé trouve déjà un début de traduction dans le cadre du budget 2018, qu'il y ait des lignes correspondant à cette stratégie dans le cadre du  PLFSS."

Le timing promet d'être serré, puisque le PLFSS 2018 sera présenté fin septembre, puis voté par le Parlement avant la fin de l'année. Il faudra certainement passer par des amendements. Par ailleurs, Agnès Buzyn n'a pas donné de fourchette sur les sommes allouées à la prévention ou plus globalement à la Stratégie nationale de santé.

Retard de la France dans la prévention

La ministre veut commencer le plus tôt possible, car la France est en retard dans le domaine de la prévention. Seuls 2% des dépenses de santé de l'Hexagone son dédiées à ce domaine, c'est moins que la moyenne européenne (3%), rapporte l'OCDE. Des pays comme le Royaume-Uni, l'Italie, et l'Allemagne y consacrent respectivement 5, 4 et 3% de leurs dépenses santé.

L'OCDE estime que lutter contre les conduites à risque "permettrait de réaliser d'importantes économies à long terme" dans l'Hexagone. L'institution pointe notamment les conduites à risques des "des hommes français" qui "affichent un taux particulièrement élevé de décès prématurés par accident, ou dus à des habitudes néfastes pour la santé, comme la consommation d'alcool et le tabagisme".  Si la consommation d'alcool est plus élevée en France que la moyenne européenne, elle a diminué ces dernières années. On ne peut pas en dire autant du tabac. La consommation de cigarettes stagne depuis plus de dix ans, en dépit des multiples hausses de prix. Pas sûr que l'augmentation annoncée de trois euros du paquet de cigarettes "historique" par son ampleur, selon la ministre, ne change cette tendance. A voir si le big bang qu'elle annonce dans la prévention y remédie....

Jean-Yves Paillé
Commentaires 4
à écrit le 19/09/2017 à 8:25
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ne vous cassez pas la tète en enfumages dialectiques Agnès ! ,puisqu'on sait qu'au final le résultat sera le mème : la TAXE !!!

à écrit le 18/09/2017 à 18:33
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un dépistage systématique et obligatoire pour tous de toutes les maladies qui trainent: vih, leucémie, diabète, cancers...etc en Espagne cela se fait automatiquement sans demander le consentement. pourquoi en France ne faisons nous pas la même chose....

le 19/09/2017 à 8:26
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.... et vive le totalitarisme , seule méthode démocratique de gouvernance ....

à écrit le 18/09/2017 à 17:31
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La première des préventions serait d'interdire l'agro-industrie qui nous empoisonne quotidiennement et dont les impacts exponentiels sur notre santé sont de plus en plus répertoriés selon les études qui arrivent à se défaire de la dictature du lobby ...

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